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Grâce à HI, Abderamane peut de nouveau se tenir debout

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Réadaptation | République Centrafricaine | PUBLIÉ LE 15 septembre 2023
Abderamane se tient debout devant la salle de réadaptation de l'hôpital de Bambari.

© HI

Abderamane a subi l’amputation de ses deux jambes après la mauvaise prise en charge d’une blessure. Avec le soutien de HI et grâce à sa détermination, il a repris espoir pour l’avenir.

Abderamane Issa, 40 ans, est éleveur de bétail dans la ville de Boya à 60 kilomètres de Bambari, à l’Ouest de la Républicaine Centrafricaine. Amputés de ses deux jambes à la suite d’une infection, Abderamane a été accompagné par HI et a bénéficié de deux prothèses. Quelques mois plus tard il a retrouvé son village, sa famille et peut de nouveau se tenir debout. 

Une rencontre avec HI pour apaiser les craintes

À la fin de l’année 2021, Abderamane remarque une grosseur inquiétante sur sa jambe droite et s’oriente alors vers plusieurs guérisseurs traditionnels de la région. Ces derniers lui diagnostiquent un empoisonnement et tentent de soigner sa blessure. Une intervention entrainant une infection qui empira la situation d’Abderamane. Laissé seul avec des douleurs insoutenables et sans solution, Abderamane s’est finalement rendu à l’hôpital régional de Bambari. Après quelques examens, les médecins n’ont pas eu d’autres choix que de prescrire une amputation dans les plus brefs délais : l’infection à sa jambe était très avancée, sa survie dépendait de cette amputation. 

Abderamane s’est, au départ, opposé aux recommandations des médecins, craignant de ne plus pouvoir poursuivre son activité d’élevage et donc de perdre sa seule source de revenus. Lors de son arrivée à l’hôpital, il a rencontré les équipes de réadaptation et de soutien psychosocial de HI. 

Saddam-Bi Chaouaibou, médiateur social HI en RCA et très présent aux côtés d’Abderamane, détaille son accompagnement dans le processus d’acceptation de son amputation :

« Lors des séances, Abderamane était très inquiet des conséquences de l’opération, il craignait de ne plus pouvoir réaliser ses activités quotidiennes et la stigmatisation dont il pourrait faire l’objet. L’équipe HI l’a soutenu par le biais de séances de psychoéducation personnalisées, puis avec ses parents, afin de leur montrer l’importance de l’amputation, condition indispensable pour lui sauver la vie. Ce travail l’a beaucoup rassuré et lui a permis d’accepter l’intervention. »

« L’équipe HI venait souvent me rendre visite, ils me faisaient sourire et surtout ils me rassuraient en m’expliquant la procédure que j’allais subir. Parfois, ils venaient simplement me saluer et cela me faisait du bien », ajoute Abderamane.

Malgré leurs précautions, du fait de l’état de santé très fragile d’Abderamane et de l’avancée de l’infection, les chirurgiens ont été contraints de lui amputer sa seconde jambe. 

L’espoir retrouvé

À la suite de son opération, Abderamane a retrouvé les équipes de HI qui l’ont soutenu dans ses soins de réadaptation et dans la préparation à l’appareillage de ses futures prothèses.

« Je n’avais jamais entendu parler de l’existence d’appareillages qui pouvaient aider des personnes amputées à remarcher. Après mon opération j’ai commencé à être démotivé, les équipes HI m’ont expliqué ce qu’était une prothèse et ce que cela m’apporterait mais je n’y croyais pas. Puis un jour, en me rendant au centre de réadaptation d’HI pour mes exercices, j’ai vu une dame qui revenait de Bangui et qui avait une prothèse, elle pouvait marcher sans béquille je n’en croyais pas mes yeux ! Dès lors, j’ai commencé à reprendre espoir. »

Après l’opération, l’équipe HI a continué d’accompagner Abderamane dans la suite du processus de soin avec des entretiens pour le motiver et le maintenir dans un bon état d’esprit, des activités, des jeux… Témoin de la détermination et du regain d’envie d’Abderamane, Saddam-Bi Chaouaibou, raconte : 

« Dès qu’il a vu cette dame marcher avec une prothèse, il a tout de suite repris espoir et était tellement motivé qu’il ne cessait de nous presser pour partir à Bangui pour se faire appareiller. »

En juin 2023 Abderamane a enfin pu rejoindre les équipes situées à Bangui, à près de 500 kilomètres de chez lui, pour recevoir ses deux prothèses et s’y habituer pendant 3 semaines. C’est l’Association Nationale de Rééducation et d’Appareillage de Centrafrique (ANRAC), partenaire de HI, qui a fabriqué son appareillage et qui l’a soutenu dans ses premiers pas. Par la suite, Abderamane est retourné à l’hôpital de Bambari pour présenter à l’équipe HI ses équipements. Il pouvait déjà marcher sans béquilles et n’avait qu’une hâte : rentrer dans son village pour retrouver sa famille et ses animaux.

Préparer le retour au quotidien

Et pourtant, Abderamane a tout de même dû patienter pour que l’équipe de réadaptation de HI s’assure qu’il s’adapte bien à ses prothèses. En parallèle, l’équipe de soutien psychosocial l’a préparé pour son retour afin qu’il apprenne à faire face aux regards et possibles réactions brutales liées à son appareillage et qu’il puisse réagir le mieux possible. 

« Au départ lorsque j’ai été amputé, le comportement de ma famille à mon égard a un peu changé. Mon père a très mal pris ma nouvelle condition physique, je représentais une charge supplémentaire, j’avais la sensation qu’il était en colère contre moi. Depuis que je suis revenu avec mes prothèses et qu’il a vu que je pouvais remarcher, j’ai senti que son regard avait changé et qu’il était rassuré. »

La préparation au retour est tout aussi importante que le reste du processus d’accompagnement. Abderamane a suivi un programme d’entretiens motivationnels et de séances de psychoéducation pour lever ses inquiétudes, ses doutes et renforcer sa confiance en lui. Ensuite, des séances de psychoéducation ont été organisées avec sa famille pour évoquer l’importance des prothèses, des soins à lui apporter et du soutien dont il a besoin au quotidien. 

« Cette préparation consiste aussi à prévenir les risques et complications qui pourraient arriver, comment les éviter… Les personnes amputées “vont recommencer leur vie à zéro”, il est donc important qu’elles s’adaptent à cette nouvelle situation, qu’elles prennent soin d’elles et qu’elles protègent leurs appareillages ! », ajoute Saddam-Bi.

Lorsque les membres de HI lui ont demandé ce qu’il conseillerait aux personnes qui pourraient se retrouver dans la même situation, Abderamane répond qu’il expliquerait que la première chose à faire serait d’aller à l’hôpital rencontrer des médecins plutôt que de demander conseils aux guérisseurs. À celles et ceux qui rencontrent des problèmes de mobilité, il serait rassurant en les faisant bénéficier de son expérience : 

« Je leur dirai qu’il existe d’autres solutions, comme l’appareillage que j’ai reçu grâce à HI. »


Le projet RIMSCASSA, mêlant réadaptation physique et fonctionnelle intégrée et thérapie de stimulation ainsi que des activités de santé mentale et de soutien psychosocial au sein de l’hôpital de Bambari, est déployé depuis juillet 2022 sur 6 pays : Mali, République Centrafricaine, République Démocratique du Congo, Rwanda, Tchad et Somaliland ; il a été financé par le ministère des Affaires étrangères allemand. Entre juillet 2022 et juin 2023, le projet RIMSCASSA a permis la prise en charge de 6 054 patients ayant besoins de soins de réadaptation (dont 1086 en RCA), 1 818 enfants en thérapie de stimulation (dont 555 en RCA), 28 669 personnes souffrant de détresse psychologique (dont 1 745 en RCA).

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