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7 073 victimes de mines en 2020 : un bilan exceptionnellement élevé alors que la COVID-19 entrave le déminage humanitaire

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Plaidoyer | Réduction de la violence armée | International | PUBLIÉ LE 10 novembre 2021
Séance d'éducation aux risques dans le village Kafrouk aux alentours de Mossoul. Kafrouk est l'un des quatre villages qui se trouvaient sur la ligne de front depuis Dohouk avec Felfil, Kanechnik et Karesho. Mohammed Asmat, chef de l'équipe d'éducation aux risques apprend aux enfants à reconnaître les dangers liés aux restes explosifs de guerre.

Séance d'éducation aux risques dans le village Kafrouk aux alentours de Mossoul. Kafrouk est l'un des quatre villages qui se trouvaient sur la ligne de front depuis Dohouk avec Felfil, Kanechnik et Karesho. Mohammed Asmat, chef de l'équipe d'éducation aux

Publié le 10 novembre, le rapport 2021 de l'Observatoire des mines fait état d'un nombre exceptionnellement élevé de victimes causées par les mines antipersonnel, les restes explosifs de guerre et les mines improvisées, pour la sixième année consécutive. L'Observatoire a enregistré 7 073 victimes en 2020. 80 % d'entre elles étaient des civils. Ce chiffre élevé est principalement dû à l'augmentation des conflits armés et à l’utilisation des mines improvisées depuis 2015. HI appelle les États - qui se réuniront à La Haye du 15 au 19 novembre pour la conférence annuelle du Traité d'interdiction des mines - à faire respecter le droit humanitaire et à faire pression sur les belligérants pour qu'ils mettent fin à l'utilisation de ces armes barbares.

 

Nombre élevé de victimes pendant six années consécutives

Le rapport 2021 de l'Observatoire des mines mesure l'impact du traité d'Ottawa, qui interdit l'utilisation, la production, le transfert et le stockage des mines antipersonnel pour l'année 2020, avec des informations allant jusqu'en octobre 2021 lorsque cela est possible.

Le rapport révèle que le nombre de nouvelles victimes de mines et de restes explosifs de guerre a atteint 7 073 en 2020 et reste élevé depuis six années consécutives (5 853 victimes en 2019, 6 901 en 2018, 7 267 en 2017, 9 440 en 2016 et 6 972 en 2015). Ce total représente une augmentation de 21 % par rapport aux 5 853 victimes enregistrées en 2019. Il est plus de deux fois supérieur aux 3 456 victimes enregistrées en 2013, bilan annuel de victimes le plus bas enregistré par l’Observatoire. Il y avait en moyenne 10 victimes par jour en 2013 ; en 2020, le taux a grimpé en flèche pour atteindre 19 victimes par jour.

La grande majorité des personnes tuées ou blessées par des mines sont des civils : 80 % des victimes étaient des civils en 2020 (4 437). 1 872 victimes étaient des enfants. L'Observatoire souligne que les victimes dans de nombreux États et régions n’ont pas pu être comptabilisées, ce qui signifie que le nombre réel de victimes est probablement beaucoup plus élevé.

En 2020, pour la cinquième année consécutive, le nombre le plus élevé de victimes annuelles a été causé par des mines improvisées. Sur le total de 7 073 victimes de enregistrées en 2020, les mines improvisées sont responsables d'environ un tiers (2 119, 30 %) des victimes. Les restes explosifs de guerre ont quant à eux causé 1 760 victimes.

En 2020, la Syrie, qui n’est pas membre du Traité d'interdiction des mines, a enregistré le plus grand nombre de victimes (2 729), suivie de l'Afghanistan (1 474), du Mali (368), du Yémen (350), du Myanmar (280), de l'Ukraine (277), du Nigéria (226), de la Colombie (167), de l'Irak (161) et du Burkina Faso (111). Des victimes de mines ont été enregistrées dans un total de 50 États et trois territoires.

« Le nombre de victimes ne cesse d’augmenter ces dernières années, principalement à cause de quelques pays en proie à des conflits armés intenses, impliquant l'utilisation à grande échelle de mines improvisées, comme l'Afghanistan, la Syrie, le Mali, etc. Les mines tuent ou causent des blessures complexes, avec souvent de graves séquelles invalidantes, et de sérieux traumatismes psychologiques. Un handicap causé par les mines s'accompagne d'une stigmatisation sociale et d'une nouvelle difficulté à trouver un emploi... L'utilisation de ces armes est interdite et le droit international doit être respecté », Anne Héry, Directrice du plaidoyer chez Humanité & Inclusion.

 

Nouvelles utilisations des mines

L'Observatoire des mines confirme de nouvelles utilisations de mines par les forces gouvernementales au Myanmar entre juin 2020 et octobre 2021. Pendant cette même période, des groupes armés non étatiques ont également utilisé des mines dans au moins six pays : Afghanistan, Colombie, Inde, Myanmar, Nigeria et Pakistan.

L'Observatoire rapporte également des allégations pas encore confirmées d'utilisation de mines par des groupes armés non étatiques au Cameroun, en Égypte, au Niger, aux Philippines, en Thaïlande, en Tunisie et au Venezuela.

 

Impact de la COVID-19 sur l’action contre les mines

Les mesures prises contre la COVID-19 ont eu un impact sur l'action contre les mines en 2020. Les restrictions ont empêché les victimes d'accéder aux services dont elles avaient besoin (réadaptation, services sociaux, etc.) dans plusieurs pays touchés par les mines. Le déminage a été temporairement suspendu ainsi que les sessions d'éducation aux risques qui ont été adaptées aux contraintes et aux restrictions liées à la pandémie.

Les États parties au Traité d’Ottawa ont déclaré avoir déminé près de 146 km² de terrain, avec plus de 135 000 mines terrestres détruites. Cela représente une diminution de 6 % par rapport aux 156 km² déminés en 2019 mais une augmentation de 10 % par rapport aux 122 270 mines détruites en 2019.

 

Progrès du Traité

À ce jour, 94 États parties ont détruit plus de 55 millions de mines terrestres stockées, dont plus de 106 500 détruites en 2020.  Des mines qui ne feront jamais de victimes. Le Sri Lanka est le dernier État à avoir achevé la destruction de son stock en 2021.

Vous pouvez accéder au rapport de l'Observatoire des mines 2020.

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