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« Les États doivent s'engager à mettre fin aux souffrances des civils causées par les bombardements et les pilonnages. »

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Plaidoyer | Réduction de la violence armée | International | PUBLIÉ LE 11 avril 2022
Vers 8h du matin un missile s'est abattu dans ce quartier résidentiel de Kiev. Un enfant a été tué et 23 bléssés sont à déplorer.

Vers 8h du matin un missile s'est abattu dans ce quartier résidentiel de Kiev. Un enfant a été tué et 23 bléssés sont à déplorer. | © V. de Viguerie / HI

Les négociations finales pour une déclaration politique visant à résoudre les dommages humanitaires causés par l'utilisation des armes explosives en zones peuplées se sont tenues du 6 au 8 avril 2022 à Genève.

« Les discussions au cours de ces trois jours de négociations ont progressé de manière plutôt positive : presque tous les Etats reconnaissent désormais que l'utilisation des armes explosives en zones peuplées a un impact humanitaire inacceptable sur les civils et qu'il est urgent de mieux les protéger contre cette pratique. Début juin, nous serons en mesure de conclure un texte final. Nous devons nous assurer que la déclaration sera forte et qu'elle aura un impact réel sur la protection des civils en situation de conflit. L'exclusion des armes explosives lourdes des zones peuplées doit devenir la norme. » Anne Héry, Directrice du plaidoyer chez HI.

Les consultations ont eu lieu du 6 au 8 avril 2022. 70 représentants d'États, d'agences des Nations unies, d'organisations internationales et de la société civile se sont réunis au Palais des Nations à Genève pour négocier le texte d'un accord international (déclaration politique) visant à mettre fin à l'utilisation des armes explosives lourdes en zones peuplées. Le texte quasi finalisé sera partagé lors d'une réunion de consultation finale d'une journée en juin prochain, puis soumis aux Etats pour adoption dans les mois suivants.

Au cours des discussions, les représentants des États sont parvenus à un large consensus sur l'urgente nécessité de prévenir les dommages causés aux civils par l'utilisation des armes explosives en zones peuplées. Plusieurs États semblent prêts à exclure les armes explosives les plus lourdes des zones peuplées, ce qui impliquerait une présomption de non-utilisation des armes explosives à large rayon d’impact dans les zones peuplées (l’exclusion de ces armes devenant la norme).

De nombreux États ont exprimé leur volonté de partager leurs pratiques en matière d'utilisation des armes explosives en zones peuplées afin de mieux protéger les civils. Ils ont également reconnu qu'un accord international ne serait que le début d'un long processus pour améliorer la protection des civils contre les armes explosives en zones peuplées, l’adoption de l’accord devant être suivi par sa mise en œuvre.

Le député français Julien-Hubert de Laferrière, le député belge Samuel Cogolati et le député britannique Stewart McDonald ont participé aux discussions, représentant les 300 parlementaires issus de pays européens qui ont signé une déclaration commune exhortant leurs gouvernements à prendre position contre les bombardements urbains. Ils ont souligné le caractère "systémique" des dommages causés par les armes explosives dans les zones peuplées et ont rappelé la nécessité d'un accord international fort. Vous pouvez revoir leur intervention ici.

Nujeen Mustafa, 23 ans, qui a fui la guerre en Syrie (Alep) dans son fauteuil roulant et vit aujourd'hui en Allemagne, a également livré un témoignage fort devant les représentants des États et les a appelés à adopter une déclaration politique forte pour mieux protéger civils vivant dans les zones de conflit et mieux soutenir les victimes et les survivants. Pour voir le témoignage de Nujeen, cliquez sur ce lien.

 

Des conséquences humanitaires dévastatrices

Il est urgent de finaliser un accord international contre l'utilisation des armes explosives lourdes en zones peuplées. Leur utilisation massive et répétée est l’une des principales causes des crises humanitaires longues, et les civils en sont les principales victimes.

Les villes d'Ukraine subissent actuellement des bombardements massifs. Selon les Nations Unies, au moins 1 000 civils ont été tués et plus de 2 200 blessés depuis le début du conflit le 24 février mais les chiffres réels sont certainement beaucoup plus élevés. Selon la mission de surveillance des droits de l'homme des Nations unies en Ukraine, « la plupart des victimes civiles enregistrées ont été causées par l'utilisation d'armes explosives ayant une large zone d'impact, notamment des tirs d'artillerie lourds et de systèmes de roquettes à lancement multiple, ainsi que des frappes de missiles et des frappes aériennes. »

Des infrastructures vitales, notamment des hôpitaux, des maisons, des systèmes d'approvisionnement en eau, etc. ont été détruites par des bombardements aveugles. 12 millions de personnes ont déjà fui vers les pays voisins ou d'autres parties de l'Ukraine. Ce bombardement massif et systématique de zones habitées a déclenché la pire crise humanitaire en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Plus de 50 millions de personnes ont été affectées par des conflits dans les zones urbaines en 2020, selon le rapport annuel du Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, sur la protection des civils, publié en mai 2021.

Selon Action on Armed Violence (AOAV), 90 % des personnes tuées ou blessées par des armes explosives dans des zones habitées sont des civils. Les personnes blessées risquent de souffrir de handicaps à vie et de graves traumatismes psychologiques.

Les armes explosives ont également des effets dévastateurs à long terme. Elles détruisent les infrastructures fournissant des services essentiels tels que les soins de santé, l'eau, l'électricité et l'assainissement, dont les civils dépendent fortement en période de conflit.

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