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La guerre en Ukraine montre l’impact dévastateur des bombardements massifs et des tirs d’artillerie lourde sur la population civile

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Plaidoyer | Protection | Réduction de la violence armée | Urgence | Ukraine | PUBLIÉ LE 8 mars 2022
Vue d'une voiture détruite par un récent bombardement dans la banlieue de Kiev, le 28 février 2022.

Vue d'une voiture détruite par un récent bombardement dans la banlieue de Kiev, le 28 février 2022. | © Genya SAVILOV / AFP

Humanité & Inclusion – Handicap International (HI) est extrêmement préoccupée par l’escalade continue de la violence armée, qui frappe sans distinction les civils ukrainiens depuis le 24 février 2022, après huit années de conflit dans le Donbass.

Nous sommes profondément inquiets des dommages civils considérables causés par l’utilisation d’armes explosives lourdes dans les zones peuplées, mais aussi par des armes interdites au niveau international comme les armes à sous-munitions.

 

Comme l’ont montré les récents conflits, l’utilisation d’armes explosives à large rayon d’impact dans les villes entraîne des dommages systématiques. Les recherches mettent en évidence une proportion constante de civils parmi les victimes : lorsque des armes explosives sont utilisées dans des zones peuplées, 90 % des personnes touchées sont des civils. Du fait de leur effet de souffle important, de leur manque de précision ou de la dispersion de multiples munitions, ces armes ont un impact sur de vastes zones. L’environnement urbain, les espaces fermés, l’effondrement des murs et des bâtiments aggravent les ravages qu’elles causent.

Les armes explosives tuent et/ou causent des lésions complexes. Elles sont à l’origine de déplacements forcés de grande ampleur. Des communautés entières souffrent de traumatisme psychologique profond, dont les conséquences sont particulièrement graves pour les enfants.

Les bombardements et les tirs d’artillerie dans les villes produisent également des effets de long terme (aussi appelés effets dominos): endommagement et destruction d’infrastructures civiles comme les habitations, les hôpitaux, les écoles, les systèmes d’approvisionnement en eau, en électricité et infrastructures d’assainissement ou les réseaux de communication, perturbant l’accès aux services essentiels. Les restes explosifs de guerre contaminent les terres et affectent les communautés longtemps après la fin de la guerre.

Ce scénario cauchemardesque se déroule en Ukraine où des villes comme Kiev, Kharkiv, Marioupol, Kherson, Tchernihiv et d’autres sont touchées par des armes explosives. Une semaine après le début du conflit, des centaines de civils ont été tués ou blessés, et le bilan humain devrait s’alourdir. La plupart des dommages sont causés par l’utilisation d’armes explosives à large rayon d’impact, y compris des frappes aériennes, des tirs d’artillerie lourde et des systèmes de lance-roquettes multiples. Les bombardements survenus sur le site de la centrale nucléaire de Zaporijia ajoutent une perspective encore plus terrifiante aux répercussions visibles sur les bâtiments résidentiels et les infrastructures publiques.

Des rapports montrent également que des armes à sous-munitions ont été utilisées lors d’attaques russes, endommageant des bâtiments civils (un hôpital, une école maternelle) et occasionnant des pertes civiles. Ces armes sont interdites à l'échelle internationale depuis 2010, en vertu de la Convention sur les armes à sous-munitions. Indiscriminées par nature, elles tuent et blessent surtout des civils.

L’offensive en cours génèrera un niveau élevé de contamination supplémentaire par des restes explosifs de guerre dans un pays déjà fortement contaminé par les mines anti-personnel, en particulier l’est de l’Ukraine où se trouvait l’ancien front en 2014.

Les conséquences humanitaires de ce qui se déroule risquent d’être dévastatrices. Selon l’appel de l’OCHA (Bureau de la coordination des Affaires Humanitaires de l’ONU) la crise devrait toucher 18 millions de personnes et 12 millions de personnes pourraient avoir besoin d’une aide humanitaire. Les rapports continuent à faire état de civils pris au piège dans des villes bombardées. De graves pénuries de fournitures de santé essentielles, de carburant et de liquidités sont signalées dans le pays, l’insécurité accrue affectant l’accès aux services de base. L’escalade de la violence armée force la population à fuir. Une semaine après le début du conflit militaire à grande échelle, un million de réfugiés ont fui l’Ukraine vers les pays voisins. Le nombre de déplacés internes devrait rapidement atteindre 6,7 millions de personnes. Les chiffres augmentent d’heure en heure. HI est particulièrement préoccupée par la situation des personnes handicapées, des personnes âgées et des personnes vulnérables, qui sont confrontées à des difficultés considérables pour satisfaire leurs besoins fondamentaux, comme la recherche d’un abri et l’accès à la nourriture. Elles sont piégées et laissées pour compte. Elles ont besoin d’informations accessibles, mais aussi d’accéder à des voies d’évacuation sûres, à des abris et à des fournitures médicales vitales.

 

HI condamne fermement l’utilisation d’armes illégales comme les armes à sous-munitions. Nous demandons un cessez-le-feu immédiat et le respect du droit international humanitaire, y compris un accès sans entrave à l’aide humanitaire. Il est indispensable de mettre fin à l’utilisation d’armes explosives pour protéger la vie des civils.

La communauté internationale doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher qu’une telle situation ne se reproduise. Les événements en Ukraine démontrent à quel point il est urgent d’adopter la déclaration politique contre l’utilisation d’armes explosives en zones peuplées. HI appelle les États à rejoindre ce processus historique et à participer aux négociations en cours pour renforcer la protection des civils.

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