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Hatem dans la rue | © HI
Hatem fait partie des milliers de personnes dont la vie a été bouleversée par la guerre en Syrie. Blessé, amputé, déplacé, il lutte pour se reconstruire.
Je m’appelle Hatem. J’ai 38 ans. Je suis marié et père de trois enfants. En août 2019, j’ai dû quitter ma maison à Idleb, une grande ville du nord-ouest de la Syrie, à cause des bombardements et des pilonnages incessants.
J’ai été grièvement blessé lors d’une frappe aérienne. On a dû m’amputer la jambe. J’ai également été blessé à mon autre jambe et au bras. Je ne pouvais plus circuler dans la rue, non seulement à cause du danger, mais aussi en raison de mon état de santé et par peur pour la sécurité de mes enfants.
Aujourd’hui, je vis dans un camp à Bab Al Hawa, près de la frontière avec la Turquie. C’est une région montagneuse, où le moindre déplacement est un défi. Je me déplace avec des béquilles, mais je dois être extrêmement prudent pour ne pas tomber. Il y a des pierres, des chemins irréguliers et des pentes abruptes partout. Chaque pas est un défi.
Le centre de santé le plus proche se trouve à 12 kilomètres. S’y rendre n’est pas facile. J’ai besoin que quelqu’un m’accompagne ou je dois louer une voiture, ce qui dépasse souvent mes moyens. Et même lorsque j’arrive à aller au centre, rien ne garantit que je trouverai les béquilles, le matériel médical ou les médicaments dont j’ai besoin.
Sans mes béquilles, je ne peux ni me déplacer, ni vivre. Je ne me sens pas en sécurité dans le camp : un faux pas et je peux tomber. Tout est loin : les services de santé, les magasins, les produits de première nécessité. Mes besoins les plus urgents sont des béquilles et des prothèses et orthèses adaptées, pour pouvoir me déplacer en toute sécurité et de manière autonome.
Avant la guerre, j’avais mon propre supermarché. J’étais indépendant et je pouvais subvenir aux besoins de ma famille. Aujourd’hui, j’essaie de trouver n’importe quelle source de revenu pour soutenir ma femme et mes enfants. C’est l’une des choses les plus difficiles : perdre non seulement sa mobilité, mais aussi sa capacité à subvenir aux besoins des siens.
Si j’en avais la possibilité, je retournerais chez moi et dans ma communauté dès aujourd’hui. Mais ma maison est complètement détruite. Et pire encore, la zone est contaminée. J’ai peur pour mes enfants : ils pourraient tomber sur des restes explosifs de guerre. Je ne peux pas prendre ce risque.
Pourtant, je garde l’espoir qu’un jour, je pourrai tout reconstruire. Que je pourrai vivre en sécurité, subvenir de nouveau aux besoins de ma famille et mener une vie digne.
HI est une organisation de solidarité internationale indépendante et impartiale, qui intervient dans les situations de pauvreté et d’exclusion, de conflits et de catastrophes. Œuvrant aux côtés des personnes handicapées et des populations vulnérables, elle agit et témoigne, pour répondre à leurs besoins essentiels, pour améliorer leurs conditions de vie et promouvoir le respect de leur dignité et de leurs droits fondamentaux.
Là où sévissent les conflits, les catastrophes naturelles, la pauvreté et l’exclusion, nous travaillons aux côtés des personnes handicapées et des populations vulnérables pour améliorer leurs conditions de vie.