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Malika, le rêve d’une éducation de qualité pour tous et toutes

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Droits | Inclusion | Niger | PUBLIÉ LE 16 mai 2023
pleinement à l’école. Malika, dix ans, rêve de devenir enseignante quand elle sera grande. Niger

pleinement à l’école. Malika, dix ans, rêve de devenir enseignante quand elle sera grande. Niger. | © J. Labeur / HI

Malika, dix ans, vit à Maradi, au Niger. Elle est malvoyante et grâce au soutien de HI, elle est aujourd’hui en CE2 et s’épanouit pleinement à l’école.

Malika, penchée sur son manuel en braille, suit le cours avec application. Car Malika adore aller à l’école, d’autant que l’accès à l’éducation n’a pas toujours été une évidence pour elle. Malvoyante depuis qu’elle est toute petite, Malika a dû surmonter moqueries et barrières avant d’être scolarisée. Alors elle est bien déterminée à aller de l’avant et à faire bouger les choses.

« Jamais je ne pourrai oublier ce jour »

Malika, en classe avec Alio Assoumane, chargé de volet éducation inclusive chez HI. © J. Labeur / HI« Elle n’avait que 4 mois quand je me suis rendue compte qu’elle ne suivait pas du regard les objets que je lui montrais. La nuit, quand je l’éclairais avec la lampe torche, elle ne réagissait pas », se souvient Halima Salissou, sa mère. Un jour, alors qu’elle doit faire une course, Halima sort en laissant Malika seule à la maison. Quand elle rentre, elle s’aperçoit tout de suite que quelque chose ne va pas : sa fille a les yeux rouges et larmoyants.

« Jamais je ne pourrai oublier ce jour », raconte Halima dans un souffle. « C’est comme si tout s’était écroulé d’un coup, ça m’a traumatisée. Quelques jours plus tard, alors que ma petite Malika allait mieux, j’ai vu qu’elle avait du mal à attraper ses jouets préférés. Quand je lui ai demandé pourquoi, elle m’a répondu qu’elle ne voyait plus bien. »

Affolés, les parents de Malika emmènent leur fille réaliser une série de consultations ophtalmologiques. Les médecins concluent toujours à une absence de problème. Car Malika parvient souvent à reconnaître ce qui l’entoure, comme les formes et les couleurs des objets du quotidien. Pourtant, elle a bien un handicap visuel qui l’empêche d’être entièrement autonome.

Le droit à l’éducation

Les parents de Malika se sentent perdus, désemparés. Il leur faut repenser leur vie quotidienne et dépenser beaucoup d’énergie pour accompagner et soutenir leur fille. Le poids du jugement social et les commérages des voisins confinent Malika dans un monde isolé. De peur d’être moquée, la fillette ne sort guère de la maison. Elle n’a pas d’amis avec qui jouer et ne va pas à l’école. Ses parents s’inquiètent : que va-t-elle devenir ?

C’est alors que la famille de Malika fait la connaissance de HI, lors d’une sensibilisation au handicap organisée dans leur quartier. Un employé de l’organisation se rend auprès des parents de la fillette pour les convaincre de l’inscrire à l’école. Les parents de Malika hésitent beaucoup : les charges financières pèsent lourd et ils ne croient pas à sa réussite scolaire. Heureusement, son père finit par être convaincu de l’opportunité que cela représente pour elle. Il s’engage alors à lui apporter tout le soutien nécessaire.

L’école, lieu d’épanouissement

Malika et sa meilleure amie Habsatou en classe, Maradi, Niger. © J. Labeur / HIMalika est d’abord inscrite dans une classe intégratrice, une classe dans laquelle elle peut se remettre à niveau grâce à un accompagnement spécialisé. Très vite, la fillette trouve ses marques, grâce au soutien de ses parents et de son enseignante, Azara Yahaya. Aller à l’école lui permet de se faire des amis, en compagnie desquels elle trouve du réconfort. Elle s’est même fait une meilleure amie : Habsatou, sa voisine de table, qui est aussi malvoyante. Ensemble, elles sont devenues inséparables.

« Au début ce n’était pas facile car je ne maîtrisais pas le braille. Mais avec le soutien de HI, j’ai appris à lire le braille et maintenant j’arrive à suivre les cours et à faire mes devoirs. Ma matière préférée c’est la communication orale », annonce fièrement Malika.

« Malika est une enfant très calme, réceptive en classe et qui a de très bonnes notes lors des évaluations », se réjouit Azara Yahaya. Pour qu’elle puisse étudier dans les meilleures conditions, HI lui a fourni du matériel pédagogique adapté à son handicap : des tablettes, des cubarites (des outils en forme de dés utilisés pour le calcul), des poinçons, du papier braille, des dominos et des jouets. Elle a également suivi un cours d’initiation au braille et bénéficie du soutien spécial de son enseignante lors des devoirs en classe. HI lui a aussi dispensé un cours d’informatique avec des ordinateurs adaptés, dont l’objectif est d’initier les enfants ayant un handicap visuel à l’outil informatique.

Un avenir plein de promesses

Avec son inclusion scolaire, Malika a retrouvé la joie de vivre et le goût du contact humain. Pour l’accompagner dans cette intégration, HI a organisé des sessions de sensibilisation au handicap dans son école. Au moyen de jeux et d’ateliers, les équipes de l’organisation ont informé et sensibilisé tous les élèves aux droits des personnes handicapées.

Pour tous ses proches, le plaisir que prend Malika à aller à l’école est un soulagement. Ses parents sont très heureux de la voir s’épanouir comme tous les enfants de son âge. Ils sont également soulagés de constater qu’elle fait de nets progrès à l’école et qu’elle devient de plus en plus autonome. Grâce à son éducation, ils en sont persuadés, elle pourra exercer un métier décent qui la mettra à l’abri du besoin.

« Grâce à HI, mon rêve de devenir enseignante va pouvoir se réaliser. Ainsi, je pourrai aider tous les enfants ayant un handicap visuel, pour qu’ils jouissent eux aussi de leur droit à une éducation de qualité », déclare Malika avec une détermination sans faille.

Le projet d’éducation inclusive de HI à Maradi est financé grâce au soutien du ministère des Affaires étrangères du Luxembourg, du NORAD et de l’Unicef. Depuis son lancement en 2017, il a permis de doter plus de 80 écoles en matériel pédagogique et didactique adapté, d’identifier près de 5 000 enfants handicapés pour un accompagnement personnalisé et de former près de 600 enseignants en éducation inclusive, langue des signes et braille. Par ailleurs, 380 parents ont été informés sur la surdité et initiés à la langue des signes et près de 50 000 parents et membres de la communauté ont été sensibilisés et formés au handicap et à l’éducation inclusive. De plus, 260 acteurs des services publics et du monde professionnel ont été sensibilisés à l’accueil des personnes handicapées. Enfin, 35 conseillers pédagogiques ont été formés et 80 jeunes handicapés ont bénéficié d’une formation professionnelle adaptée.

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