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M. Volodymyr photographié dans la cour de sa maison près du village de Zarazhne, dans l'oblast de Kharkiv. En février 2022, il a été blessé lors d'une frappe d'armes à sous-munitions sur la ville de Kharkiv et n'a désormais plus aucune sensation sous la c | © C. Wright / ICBL-CMC / HI
Les armes à sous-munitions sont interdites par le Traité d’Oslo. Elles sont utilisées en Ukraine, principalement dans des zones peuplées. M. Volodymyr fait partie de centaines de victimes.
M. Volodymyr, âgé de 59 ans, était avocat. Le 28 février 2022, il vivait à Kharkivska. Ce jour-là, il sort de chez lui pour acheter du lait pour sa petite-fille de 18 mois, dont les parents habitent à 200 mètres. Il est 10 heures du matin. Il sort de l’immeuble par la sortie n°2 et se dirige vers la sortie n°1. Au même moment des bombardements Les Russes russes commencent sont dans un village voisin, dans une zone éloignée de là où il se trouve. Un bombardement commence…
« Je me souviens avoir entendu le premier obus frapper un arbre à 6 mètres de moi. Puis j’ai été projeté par le souffle sous le balcon du premier étage d’un immeuble voisin. »
Les explosions durent 15 minutes. Selon lui, il s’agit du premier cas documenté d’utilisation d’armes àe sous-munitions dans la guerre. Neuf personnes sont tuées lors de cette frappe, parmi lesquelles. U un homme qui se trouve à seulement 1,5 mètre de lui est également tué.
Réfléchissant aux raisons de cette attaque, il ne voit aucune justification particulière pour que la Russie ait visé cet endroit. Il y avait un dépôt de tramway à proximité, mais aucun personnel ni équipement militaire.
« Après l’attaque, j’ai rampé jusqu’à l’entrée pour rejoindre ma famille. J’avais très peur pour eux et pour ma petite-fille de 18 mois. J’étais couvert de sang. Mon fils cadet m’a aidé à entrer dans la salle de bain. J’avais du mal à tenir debout ou à marcher. Je me suis allongé sur le sol du salon pendant que les proches appelaient l’ambulance. »
Cinq à sept minutes plus tard, l’ambulance arrive. M. Volodymyr ne voulait pas aller à l’hôpital et laisser sa famille mais le médecin lui a dit a insisté : « Vos blessures sont graves, vous devez venir avec nous. »
À l’hôpital, l’équipe de médicale lui retire environ 14 à 15 éclats du corps lors d’une opération sans anesthésie. « C’était une agonie. Je ne sais pas pourquoi ils n’ont pas utilisé d’anesthésie. Peut-être qu’ils n’en avaient pas ou pas suffisamment. »
Il lui reste encore un éclat logé dans le cou, à 2 mm de la moelle épinière. Il avait trois trous dans la poitrine, un dans la jambe, une oreille partiellement arrachée et des blessures aux deux jambes. Heureusement, aucun éclat n’a touché d’os ou d’organe. Mais à cause des complications liées aux éclats, il a subi des lésions nerveuses et a perdu toute sensibilité à partir d’un certain point sur une partie de la cuisse gauche. Il a également perdu dses dents à cause de la projection due au souffle de l’explosion.
« Les armes à sous-munitions sont des armes dissimulées, effrayantes, terribles. »
Leurs effets sont durables : « Je dois faire attention maintenant. Une chute ou un accident pourrait déplacer l’éclat métallique toujours coincé dans mon cou et me blesser encore davantage. » M. Volodymyr ne peut plus faire poser le poids de son corps sur sa jambe gauche et marcher normalement à cause de ses blessures.
« J’ai l’impression que ma jambe est prise dans un piège à ours. »
Il a également été diagnostiqué diabétique de type 2 à cause des blessures et à des complications touchant sa circulation sanguine. Il craint que sa jambe ne doive un jour être amputée.
« Quand on est blessé par une arme à sous-munitions, il n’y a pas de fin. Je ne peux pas tourner la page. »
Les armes à sous-munitions sont des armes composées d’un conteneur qui s’ouvre en altitude et libère des sous-munitions explosives ou « bombelettes ». Elles se dispersent sur de vastes zones, laissant souvent derrière elles des centaines de sous-munitions non explosées. Beaucoup ne détonnent pas à l’impact et agissent comme des mines, cachées dans le sol pendant des années. On les retrouve fréquemment dans les champs, les villages et les écoles, mettant les civils — en particulier les enfants — en danger.
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