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La pire crise humanitaire au monde

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Réadaptation | Urgence | Yémen | PUBLIÉ LE 9 novembre 2018
Session de réadaptation pour un patient blessé lors d'une frappe aérienne. Après une trachéotomie et intervention chirurgicale à sa jambe, il est maintenant capable de marcher avec le soutien d’une personne.

Session de réadaptation pour un patient blessé lors d'une frappe aérienne. Après une trachéotomie et intervention chirurgicale à sa jambe, il est maintenant capable de marcher avec le soutien d’une personne. | © Camille Gillardeau / HI

HI intervient dans 8 centres de santé et hôpitaux à Sana’a, capitale du Yémen, pour apporter des soins en réadaptation, une aide psychologique et distribuer des aides à la mobilité (béquilles, fauteuils roulants, etc.). Le conflit et le blocus imposé en novembre 2017 par la coalition dirigée par l’Arabie Saoudite ont des effets dévastateurs pour la population. Maud Bellon, directrice des programmes de HI au Yémen décrit la situation.

Quelle est la situation dans le pays ?

J’ai passé plusieurs  jours à Aden car nous espérons ouvrir de nouveaux programmes humanitaires dans la ville et dans les gouvernorats de Taizz et Lahj en janvier prochain. Aden n’est pas la cible des violences contrairement à d’autres villes comme Hoddeidah (Est du pays), par exemple, où se déroulent des combats extrêmement intenses, où Sa’ada, dans le Nord, qui est pilonné presque tous les jours...

Aden est devenue dangereuse plus à cause de l’augmentation de la criminalité et des manifestations contre l’augmentation des prix.

Les groupes armés se sont multipliés. Des attaques ciblées et des assassinats de dirigeants ont lieu régulièrement. Le gouvernement d’Aden est divisé en deux camps rivaux.

Peux-tu expliquer le blocus mis en place il y a un an ?

Il y a un an, la coalition militaire dirigée par l’Arabie Saoudite a imposé le blocus du pays sur toutes les importations. Les importations de fuel sont suspendues, des circuits parallèles se sont mis en place, évidemment plus chers. Tous les produits dans le pays – denrées alimentaires, gaz, etc. - ont augmenté et il est presque impossible pour une famille yéménite de vivre normalement.

De plus, les combats violents depuis le début de l’année à Hoddeidah - où se trouve le port par lequel transite près de 80 % des importations au Yémen (et également la majorité de l’aide humanitaire) - aggravent la crise et fragilisent encore plus des millions de Yéménites qui s’efforcent déjà de survivre.

Alors que presque toutes les denrées alimentaires sont importées, les effets combinés du conflit et du blocus mettent 18 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire, soit 60 % de la population du pays. Alors que l’accès à l’eau potable est très difficile dans de nombreuses zones, on observe également la résurgence de cas de choléra ces dernières semaines.

 

Où HI mène-t-elle ses opérations humanitaires ?

Pour l’instant, toutes les opérations humanitaires de HI se déroulent à Sana’a. Depuis 2015, nous fournissons des soins en réadaptation, en soutien psychologique, ainsi que des aides à la mobilité (prothèses, béquilles, fauteuils roulants, etc.). Nous intervenons dans 8 hôpitaux et centres de rééducation physique. En trois ans, 20 000 personnes ont reçu une aide en réadaptation, 17 000 en soutien psychosocial et 9 500 ont été fournies en prothèses, fauteuils roulants ou béquilles… 60 % des personnes que nous soignons ont été blessées (conflit, accidents de voiture, etc.).

Nous avons également mené récemment un programme de distribution d’aide financière à près de 600 familles.

 

Quelles sont les conditions de sécurité à Sana’a?

Les combats continuent principalement en périphérie de Sana’a. Il y a des bombardements sporadiques. Une équipe a dû rentrer d’urgence au bureau parce que l’hôpital où elle se rendait était trop près de la zone bombardée. L’aéroport de la ville a été bombardé récemment. Nous avons une préoccupation permanente de la sécurité de nos équipes, car ce contexte est extrêmement volatil.

 

 

Des blessés par vague

« Les blessés viennent des différentes lignes de front et arrivent par vagues, selon l’intensité des combats. Ils sont principalement victimes d’explosion, de tirs par balle… Nous recevons également beaucoup d’accidentés de la route... Nous faisons face à beaucoup de cas d’amputation. Comme les hôpitaux sont encombrés, le personnel médical les renvoie tout de suite après l’opération chirurgicale, sauf quand le patient a les moyens... Le principal problème réside aussi dans la très grande difficulté à transporter les blessés des lignes de front vers les hôpitaux, les coûts du transport et les frais d’admission à l’hôpital... »

Maud Bellon, responsable des programmes HI au Yémen

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