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La lutte contre les mines antipersonnel se poursuit face à leur utilisation croissante

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Plaidoyer | Réduction de la violence armée | International | PUBLIÉ LE 29 novembre 2022
Terrain où ont été formés tous les démineurs en janvier 2017 à Cajibio, dans le département du Cauca.

Terrain où ont été formés tous les démineurs en janvier 2017 à Cajibio, dans le département du Cauca. | © Jules Tusseau/HI

Il y a 25 ans, l'adoption du traité d'interdiction des mines - dit traité d'Ottawa - a marqué une victoire diplomatique sans précédent contre cette arme des lâches. Le traité a entraîné une baisse du nombre de victimes, la destruction de millions de mines et laisse espérer la fin de leur utilisation. Depuis 2014, l'utilisation des mines a fait sa réapparition dans les conflits, avec une augmentation conséquente du nombre de victimes. Le 25e anniversaire du traité d'Ottawa est l'occasion d'exhorter les États à intensifier leurs efforts et à mettre un terme définitif à l'utilisation des mines antipersonnel.

Le succès incontestable du traité d'Ottawa

Le traité d'Ottawa a été adopté le 18 septembre 1997 grâce à une campagne acharnée menée par la Campagne internationale pour l'interdiction des mines (ICBL) dont Handicap International est membre fondateur. Le traité interdit l'utilisation, la production, le transfert et le stockage des mines antipersonnel et impose aux pays l'obligation de venir en aide aux victimes. Victoire majeure pour les Etats et organisations concernés, il s'agit du premier traité au monde à interdire une arme conventionnelle. Il a été ouvert à la signature les 3 et 4 décembre 1997 à Ottawa et est entré en vigueur le 1er mars 1999.

Le Traité d'Ottawa a connu 25 ans de succès incontestable. 164 Etats sont actuellement parties au traité, représentant plus de 80% des pays du monde. Vingt-trois États ont achevé leurs programmes de déminage depuis l'entrée en vigueur du traité en 1999. Au total, plus de 3 300 km2 de zones minées ont été déminées dans le monde et plus de 5 millions de mines antipersonnel ont été détruites. 55 millions de mines stockées par les États ont été détruites. L'utilisation des mines antipersonnel est désormais largement stigmatisée dans le monde entier.

Après l'entrée en vigueur du traité en 1999, le nombre annuel de victimes a d'abord été divisé par dix, passant de quelque 30 000 au début des années 1990 à 3 456 en 2013.

De nouveaux défis à relever

Depuis 2014, après 15 ans de baisse régulière, le nombre de victimes est en augmentation. Publié le 17 novembre, le rapport 2022 de l'Observatoire des mines, qui mesure l'impact du traité d'Ottawa, comptabilise 5 544 nouvelles victimes de mines antipersonnel et de restes explosifs de guerre en 2021 (contre 3 456 en 2013 - le chiffre le plus bas depuis 1999).

Ce chiffre élevé est principalement dû à l'augmentation du nombre de conflits armés et à la contamination accrue par les mines improvisées depuis 2015.

En 2022, l'utilisation de mines par les armées de la Russie et du Myanmar, ainsi que par des groupes armés non étatiques dans cinq pays (République centrafricaine, Colombie, République démocratique du Congo, Inde et Myanmar), sont les principaux facteurs à l'origine d'une forte augmentation de l'utilisation de ces armes, rapporte l'Observatoire des mines 2022.

En 2021, le financement de l'assistance aux victimes a atteint son niveau le plus bas depuis 2016 (25,6 millions de dollars). 27 États parties au traité comptant un nombre important de victimes de mines n'ont reçu aucun financement direct pour l'assistance aux victimes. Les activités de soins de santé et de réadaptation sont restées sous-financées et ont été confrontées à des défis nombreux et croissants dans de nombreux pays, notamment en matière d'accessibilité, de coordination, d'expertise et d'achat de matériel.

« Alors que nous célébrons les 25 ans du Traité d'Ottawa, HI appelle la communauté internationale à mettre en œuvre toutes les obligations énoncées dans le traité : déminer les zones contaminées et éliminer la menace que représentent les mines antipersonnel pour les civils ; détruire les stocks ; intensifier les efforts pour aider les victimes de ces armes et leurs familles ; appeler les États non parties restants à adhérer au traité et augmenter le financement de la lutte contre les mines et les restes explosifs de guerre. » Dit Anne Héry, Directrice du plaidoyer chez HI.

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