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Faire de l’éducation aux risques, c’est transmettre l’espoir

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Réduction de la violence armée | Burkina Faso | PUBLIÉ LE 12 janvier 2024
Un groupe d'enfants assis de dos regardent trois adultes qui leur montrent une bannière avec des schémas, intitulée "bons comportements".

Une session de sensibilisation aux risques réalisée par HI | © HI

Au Burkina Faso, la population est quotidiennement confrontée à la menace d’engins explosifs. Les équipes de HI y effectuent des sensibilisations aux risques dans un contexte sécuritaire très tendu.

Au Burkina Faso, on ne compte plus le nombre de personnes confrontées à la violence et aux exactions des groupes armés. Beaucoup sont forcées à fuir de chez elles pour se protéger. Face à la détresse et à l’incertitude des communautés, les équipes de HI œuvrent chaque jour pour les informer et protéger des dangers des engins explosifs. 

Un contexte qui se dégrade

Dominique Sandwidi, chargé d’éducation aux risques chez HI, réalise une session de sensibilisation. © HILa question sécuritaire au Burkina Faso, en raison des perquisitions et des exactions des groupes armés, complique l’accès à certaines zones. Si le contexte n’est pas le même à l’Est et dans le Sahel – où les conflits sont encore plus marqués –, les difficultés restent majeures dans l’ensemble du pays.

Il existe de nombreuses zones auxquelles les équipes de HI n’ont pas accès, pour des raisons sécuritaires. Ces dernières années, certaines mesures de restriction prises par HI ont contribué à réduire encore davantage les zones d'intervention. Ainsi, il peut arriver aux équipes de HI de devoir geler toutes leurs interventions parce que des groupes armés se retrouvent à leurs portes.

« Il faut bien comprendre qu’en plus des enjeux d’accès, la thématique elle-même est sensible. Nous intervenons au sein des communautés dont sont issus ces mêmes groupes armés. Or, comme nous n’avons aucun moyen de savoir qui en fait partie, il faut vraiment analyser la situation et peser ses mots selon le contexte. Les messages que nous délivrons sont sensibles, parce qu’il suffirait d'une légère mésinterprétation, d'une mauvaise compréhension, pour qu’ils soient mal reçus », explique Abdoul Ouédraogo, chargé de projet éducation aux risques dans la zone de l’Est.

Pour contourner ces difficultés, les équipes de HI diffusent des spots de sensibilisation sur des radios locales, qui permettent de toucher certaines zones inaccessibles physiquement. Ces messages sont diffusés dans les principales langues parlées dans ses zones, pour que tout le monde les comprenne : en français, fulfuldé, mooré et gulmancéma à l’Est et en français, mooré, tamacheq et fulfuldé au Sahel.

Des messages clés pour se protéger

Dominique Sandwidi, chargé d’éducation aux risques chez HI, réalise une session de sensibilisation. © HIDans les communautés, les équipes de HI font avant tout de la prévention, pour éviter tout accident lié à des engins explosifs. Les communautés apprennent d'abord à repérer un possible engin explosif, puis à savoir quel comportement adopter quand elles se retrouvent dans une situation à risque. Il y a des bons et des mauvais comportements, il est donc important de savoir ce qu’on doit et ce qu’on ne doit pas faire. HI apprend également à repérer des zones dangereuses et sensibilise sur les impacts psychologiques, physiques voire économiques des engins explosifs.

« Quand on aborde les thématiques liées à la réduction de risques, il faut prendre en compte le fait qu’on s’adresse à des populations qui ont déjà vécu des situations terribles. La session peut leur rappeler des événements douloureux de leur passé et nous devons faire preuve de beaucoup de bienveillance », souligne Abdoul.

Les équipes de HI organisent aussi des sessions de formation d'une journée pour les leaders communautaires, qui contribuent à véhiculer les messages au sein de leur communauté. Il en va de même pour les enseignants, qui transmettent l’information à leurs élèves. HI distribue aussi des flyers, des sacs, des tasses et autres objets, sur lesquels sont imprimés les messages clés, contribuant ainsi à sensibiliser davantage les populations.

Sensibiliser aux risques c’est faire œuvre utile

« L'éducation aux risques, c'est passionnant. C’est une activité dont on peut mesurer l'impact à long terme, mais aussi immédiatement. Quand des leaders communautaires ou des enseignants acceptent de témoigner pendant les sessions, on sent déjà qu’on est en train de faire œuvre utile. Malgré son aspect sensible, le message est très bien reçu au sein de la communauté. Nous faisons du déminage mental parce que nous préparons déjà le terrain au retour de la population », raconte Abdoul.

Ainsi, entre avril 2022 et août 2023, les équipes de HI ont sensibilisé plus de 21 300 personnes aux risques liés aux engins explosifs dans les régions de l’Est et du Sahel.

« En transmettant le message sur l'éducation aux risques, on transmet aussi un message d’espoir aux communautés. On envisage qu’un jour, elles pourront rentrer chez elles. Lorsque ce jour viendra, elles connaîtront les dangers et sauront quels comportements adopter. On se projette déjà dans l'avenir », conclut Abdoul.

Ce projet d’éducation aux risques au Burkina Faso bénéficie du financement du ministère fédéral des Affaires étrangères allemand (GFFO). Il a été lancé en juin 2021 et à fin novembre 2023, plus de 28 500 personnes avaient été sensibilisées aux risques des engins explosifs au Burkina Faso.

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