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« J'ai franchi le seuil de ma maison. Ma vie a changé pour toujours »

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Réadaptation | Réduction de la violence armée | Syrie | PUBLIÉ LE 25 août 2025
Anoud chez elle

Anoud chez elle | © HI

Dans la campagne de Raqqa, les familles reconstruisent leur vie interrompue par le conflit. Anoud, âgée de 55 ans, réapprend à marcher après avoir perdu sa jambe dans l'explosion d'une mine.

Anoud vit dans le petit village de Kherbet Al-Haloul, dans le sous-district d'Al-Mansoura. Jusqu'au début de cette année, elle passait ses journées à s'occuper de ses moutons, à entretenir sa maison et à fabriquer du fromage et du yaourt. « Ma vie était bien remplie, se souvient-elle. Je m'occupais des moutons, je subvenais aux besoins de ma famille et je déménageais souvent à cause de notre travail. »

Retourner chez soi est dangereux

La vie d'Anoud a basculé en janvier dernier, lorsqu'un retour dans sa maison abandonnée depuis longtemps s'est soldé par une tragédie.

Après la fin des hostilités dans sa région fin 2024, Anoud est retournée dans son village pour vérifier l'état de sa maison. « Les deux premières fois où j'y suis entrée, il ne s'est rien passé, raconte-t-elle. Mais la troisième fois, alors que je franchissais l’entrée, une mine placée près de la porte a explosé. »

L'explosion l'a projetée à travers la pièce. Consciente, Anoud a baissé les yeux et a vu que sa jambe gauche saignait et était gravement blessée. Sa fille et sa belle-sœur l'ont transportée dehors, où son frère, qui rendait visite à sa famille vivant à proximité, l'a emmenée d'urgence à l'hôpital d'Alep. Là-bas, les chirurgiens ont dû lui amputer la jambe sous le genou.

Depuis lors, Anoud a dû faire face à une série de difficultés : « Je ne peux plus marcher ni aller aux toilettes toute seule », explique-t-elle. Son fils de 22 ans s'occupe désormais d'elle et du bétail de la famille. Son mari, âgé de 65 ans, est dans l'incapacité de travailler pour des raisons de santé.

Avec le soutien de HI, elle a commencé une rééducation physique et bénéficie d'un accompagnement psychologique. « La douleur fantôme est encore difficile à supporter, dit-elle, mais les séances m'ont aidée à surmonter mon chagrin. »

Prothèse de jambe et rééducation

Une fois la rééducation d'Anoud terminée et après avoir reçu le feu vert de ses médecins, elle sera équipée d'une prothèse de jambe dans un centre spécialisé de l'hôpital de Raqqa.

« Oui, bien sûr », répond-elle lorsqu'on lui demande si elle espère reprendre son métier de bergère. « J'adore mon travail. »

Bien qu'elle vive aujourd'hui dans un isolement partiel, ce qui est courant pour de nombreuses familles de bergers ruraux, Anoud reste profondément attachée à ses proches.
« Ma famille m'a soutenue tout au long de mon traitement, dit-elle. Ils sont ce qu'il y a de plus important dans ma vie. »

Lorsqu'on lui demande quel message elle souhaiterait transmettre aux autres victimes des mines, Anoud répond d'une voix ferme : « Soyez patients et ne perdez jamais espoir. Et soyez toujours prudents lorsque vous vous rendez dans des zones susceptibles d'être contaminées. »

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