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L'équipe de HI à Gaza a finalement pu accéder au stock d'urgence dans la ville de Gaza et a fait don de plus de 200 articles, dont environ 150 fauteuils roulants, ainsi que des déambulateurs, des béquilles, des matelas médicaux et des kits de pansement. | © HI
Après cinq mois d'escalade de violences à Gaza, le point sur la situation et le témoignage déchirant de Jean-Pierre Delomier, Directeur adjoint des opérations internationales de HI, revenu récemment de Rafah.
Depuis le 7 octobre et l'escalade de violences entre Israël et le Hamas, quelque 30 000 Palestiniens ont été tués – dont au moins 10 000 enfants – et 70 000 blessés dans les bombardements incessants à Gaza par les forces israéliennes. Cette offensive meurtrière fait suite à une attaque massive lancée par le Hamas contre Israël, au cours de laquelle 1 200 Israéliens ont été tués et 240 Israéliens et ressortissants étrangers ont été pris en otage.
Comme à Marioupol (Ukraine), à Alep (Syrie), à Grozny (Tchétchénie), les villes et les civils de Gaza sont dévastés par des bombardements systématiques et massifs.
On estime à 45 000 le nombre de bombes larguées au cours des 89 premiers jours du conflit (Source : Gaza Media Office). Cela fait 505 bombardements par jour, soit 21 bombardements par heure.
Gaza est rasée et vidée de ses habitants par cinq mois de bombardements incessants. 85 % de la population de Gaza, soit 1,7 million de personnes, a été contrainte de fuir les bombardements et les pilonnages.
1,5 million de personnes ont trouvé refuge à Rafah, au sud de la bande de Gaza, qui compte normalement 280 000 habitants. Les personnes qui ont été déplacées à plusieurs reprises sont traumatisées et épuisées. Elles ont tout perdu, n'ont nulle part où aller et sont sous la menace d'une nouvelle offensive.
Le témoignage de Jean-Pierre Delomier, Directeur adjoint des opérations internationales chez HI, qui était récemment à Rafah pour évaluer la situation humanitaire et les moyens d'améliorer l'acheminement de l'aide aux populations :
« Les Palestiniens ont été forcés de quitter leurs maisons pour échapper aux bombardements et aux pilonnages incessants. Ils ont été forcés d'abandonner les maisons qu'ils avaient construites pour des tentes qui fuient sous la pluie et ne peuvent pas être chauffées. Les rues sont jonchées de tentes. Chaque trottoir, chaque coin de rue est occupé par des abris. Les espaces publics sont également saturés, chaque personne s'installant là où l'espace est disponible. Presque aucun service n'est fourni : il n'y a pas d'eau courante, les déchets s'accumulent dans les rues en l'absence de ramassage régulier, les centres d'hébergement débordent de personnes déplacées. Il n'y a que quatre distributeurs automatiques de billets où les foules attendent du lever au coucher du soleil qu'ils soient réapprovisionnés. Parmi les travailleurs humanitaires, beaucoup sont eux-mêmes déplacés. Parfois, le long des routes surpeuplées, des vendeurs de fortune proposent quelques conserves et des légumes. La population est affamée, assoiffée, épuisée et tendue. Tout le monde se déplace à pied ou sur des charrettes tirées par des ânes, car très peu utilisent des véhicules à moteur en raison du prix et de la rareté du carburant. Dès que l'on vous remarque, on vous demande immédiatement quelque chose à manger. L'aide humanitaire arrive au compte-gouttes dans ce piège où hommes, femmes et enfants ne savent plus où aller. Ils ont besoin de l'essentiel : de la nourriture, de l'eau, un abri. »
Les actions de HI dans la bande de Gaza : lire "Les besoins en réadaptation montent en flèche à Gaza"
Les bombardements et les pilonnages incessants en zones peuplées ont dévasté les infrastructures et les bâtiments civils. Entre 50 et 62 % de tous les bâtiments de Gaza sont probablement détruits ou endommagés (30 janvier). Selon un rapport de la Banque Mondiale, 45 % des bâtiments résidentiels de Gaza sont irréparables et plus d'un million de personnes sont sans abri (24 janvier).
Selon le Bureau des médias de Gaza, 45 000 bombes ont été larguées au cours des 89 premiers jours du conflit. En se basant sur un taux d'échec moyen de 14 %, il est possible que 6 300 bombes n'aient pas fonctionné comme prévu et qu'elles n'aient pas explosé.*
« Il est impossible de connaître l'étendue totale de la contamination par les restes explosifs dans la bande de Gaza, car les hostilités continuent dans la région depuis des décennies, et les restes explosifs de guerre constituaient déjà un problème important avant l'escalade qui a suivi le 7 octobre. Mais compte tenu de l'intensité des bombardements de ces derniers mois, nous pouvons nous attendre à une augmentation significative de la contamination explosive : le territoire est décimé et les munitions non explosées restreignent considérablement la possibilité de se déplacer, l'acheminement de l'aide et entraveront la reconstruction des infrastructures vitales. Ce niveau de contamination, les ressources limitées, l'environnement et le contexte fragile rendront la vie et le travail à Gaza extrêmement difficiles. Les restes explosifs causeront sans aucun doute de nouvelles pertes en vies humaines, des blessures invalidantes et des traumatismes psychologiques pendant de nombreuses années », explique Gary Toombs, Directeur technique des opérations mondiales de déminage et de neutralisation des engins explosifs chez HI.
Les blessures causées par les armes explosives sont spécifiques et difficiles à guérir, avec souvent des douleurs importantes. Elles entraînent fréquemment des handicaps temporaires ou permanents. Les gens sont également terrifiés et traumatisés.
Nombreux sont ceux qui, à Gaza, auront besoin de soins de rééducation et d'un soutien psychosocial à long terme.
« Nous voyons de nombreuses personnes souffrant de blessures très complexes telles que des fractures, des lésions des nerfs périphériques, des amputations d'un ou de plusieurs membres, des lésions de la moelle épinière, des lésions cérébrales traumatiques et des brûlures. Parfois, les civils blessés arrivent à l'hôpital avec une combinaison de blessures multiples qui sont extrêmement difficiles, voire impossibles à traiter. Le niveau de douleur et de souffrance lié à ces blessures est difficile à mesurer et à comprendre pour les personnes qui n'en font pas l'expérience. À cause du manque de soins médicaux et d'analgésiques, de nombreuses personnes souffrent inutilement et développent des handicaps qui auraient pu être évités. Cela peut être incroyablement traumatisant », explique Federico Dessi, Directeur de HI pour la région Moyen-Orient.
Les incidents critiques sur les personnels humanitaires sont fréquents : depuis octobre 2023, 238 travailleurs humanitaires ont été tués ou blessés dans le territoire palestinien occupé.
Les hôpitaux de Gaza sont directement touchés par le conflit ; des incidents entravant les évacuations médicales et empêchant la livraison de fournitures essentielles se produisent fréquemment. Les personnels humanitaires se heurtent également à des refus fréquents et à des obstacles croissants à leur mission, notamment des attaques contre les convois d'aide et les établissements de santé.
Les organisations humanitaires fournissent une aide vitale aux personnes qui ont besoin de l'assistance la plus fondamentale comme l'eau, la nourriture et un abri, étant donné le risque imminent de famine à Gaza.
Les travailleurs humanitaires doivent être protégés : l'aide humanitaire est la seule planche de salut pour 2,2 millions de personnes piégées sous les bombes à Gaza depuis cinq mois. L'aide entrant à Gaza ne répond pas aux besoins en raison des hostilités, des restrictions imposées à l'entrée des marchandises dans la bande de Gaza, du nombre limité de points de passage frontaliers ouverts malgré l'appel clair de nombreuses parties prenantes (y compris celui de la Cour internationale de justice) à garantir un accès humanitaire sûr et sans entrave.
Le schéma de souffrances suivant est exacerbé à Gaza en raison de l'intensité extrême des bombardements et des pilonnages depuis le 7 octobre et de la forte densité de la population :
Depuis la Conférence de Dublin en novembre 2022 et l'adoption de la Déclaration politique contre l'utilisation des armes explosives en zones peuplées, 84 États se sont engagés à mettre fin aux bombardements de civils.
Ils se sont engagés à condamner « toute attaque dirigée contre des civils, [...], ainsi que les bombardements indiscriminés et l'utilisation aveugle des armes explosives ». Ils se sont également engagés à fournir et à faciliter l'assistance aux populations touchées par les conflits, et à faciliter l'accès rapide, sûr et sans entrave de l'aide humanitaire à ceux qui en ont besoin dans les situations de conflit armé.
Les États doivent respecter leurs engagements. Les bombardements de civils doivent cesser et l'acheminement de l'aide humanitaire doit être la priorité.
* Estimation faite par des spécialistes des armes explosives. Extrait du rapport de HI "The Use of Explosive Weapons in Populated Areas - Explosive Contamination and Impact in Gaza" - Février 2024. Ce chiffre n'inclut pas les munitions explosives provenant des combats au sol et ne représente que l'impact des 89 premiers jours. Ce chiffre a augmenté depuis lors.
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