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Yahya retourne dans son village et raconte la peur des engins explosifs

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Réduction de la violence armée | Syrie | PUBLIÉ LE 6 novembre 2025
Yahya and his on during a risk education session

Yahya et son fils lors d'une séance d'éducation aux risques | © Noor Bimbashi / HI

Théâtre de combats intenses, le village de Yahya, en Syrie, a été lourdement bombardé. Tout est détruit et désormais jonché de restes explosifs.

Cinq ans dans un camp

Pendant cinq ans, nous avons vécu dans le camp d’Areesh à Hassaké, survivant sous une tente. La vie au camp était difficile, nous avions accès à de l’aide, même si ce n’était jamais suffisant. Cette terre est notre foyer. Nous voulions revenir, reconstruire, faire paître nos moutons et recommencer à cultiver.

En août dernier, je suis retourné avec ma famille dans notre village à Al Mura’ya, près de Deir Ezzor, dans le nord-est de la Syrie.

La peur des restes explosifs

Depuis notre retour, la peur ne nous quitte pas. Cette zone était autrefois une ligne de front, proche de l’aéroport qui était bombardé quotidiennement. Notre maison se trouvait à seulement cent mètres de la ligne de combat.

Le sol est maintenant rempli de restes explosifs de guerre. Quelques jours seulement après notre retour, j’ai trouvé une sous-munition. Je savais que c’était dangereux. J’étais terrifié. Depuis, je n’autorise plus mes enfants à sortir de la maison. Je les avertis chaque jour des dangers à l’extérieur.

La contamination a transformé la vie ici en cauchemar. Il y a quelques jours, nous avons appris qu’un enfant de sept ans avait été grièvement blessé par un engin explosif. Tout le monde a peur. Les gens veulent cultiver leurs terres, mais ils savent qu’ils pourraient perdre la vie en le faisant. Parfois, je me demande si j’ai fait le mauvais choix en revenant.

« Nous vivons dans les ruines »

Nos défis vont bien au-delà de la contamination. Nous vivons dans les ruines de notre maison détruite. Depuis dix jours, nous essayons de la reconstruire avec tout ce que nous pouvons trouver au bord des routes, en empilant des blocs juste pour avoir quelques murs. Il n’y a ni portes, ni électricité, ni eau. Nous dormons à la belle étoile, sans aucune intimité.

Ici, il n’y a plus d’écoles, d’hôpitaux, de cliniques. Mes enfants sont tombés malades la semaine dernière, et je n’avais nulle part où les emmener. Cette région est complètement vide et abandonnée. Les gens refusent de revenir car il n’y a aucun service et à cause des engins explosifs qui nous entourent.

Comment repartir de zéro ?

Mes frères sont toujours dans le camp de Hassaké. Quand ils ont vu l’état de notre maison et nos conditions de vie, ils ont choisi de rester dans leurs tentes plutôt que de faire face à ce que nous vivons ici.

Nous avons besoin d’un soutien urgent. Nous avons besoin de travail, d’eau et d’aide pour reconstruire nos maisons. Nous avons besoin d’écoles et de cliniques. Surtout, nous avons besoin que nos terres soient déminées pour pouvoir vivre et cultiver sans peur. Aujourd’hui, nous vivons en dessous de tout. Sans aide, je ne sais pas comment nous pourrons survivre.

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