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Plus de 100 patients par semaine au centre de réadaptation de Kandahar

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Réadaptation | Réduction de la violence armée | Santé | Urgence | Afghanistan | PUBLIÉ LE 3 février 2022
Mohammad Rasool coordonne les programmes HI à Kandahar. Il travaille à HI depuis 13 ans.

Mohammad Rasool coordonne les programmes HI à Kandahar. Il travaille à HI depuis 13 ans. | HI

Mohamad Rasool coordonne les programmes de HI à Kandahar, en Afghanistan, où l’association gère un centre de réadaptation depuis 1996. Il raconte la terrible situation humanitaire.

En raison de l'effondrement de l'économie, de la sécheresse et des années de guerre, le contexte humanitaire s'est considérablement détérioré en Afghanistan. Depuis la fin des violences en août dernier, les gens affluent au centre de réadaptation de Kandahar.

Quels types de patients recevez-vous au centre de réadaptation de Kandahar ?

La grande majorité des personnes sont victimes de la guerre et des armes explosives. En novembre dernier, j'ai rencontré une fillette de 8 ans de la province de Zabul, voisine de Kandahar. Un tir de mortier avait touché sa maison alors qu'elle jouait avec ses cousins. Elle a été gravement blessée par l'explosion et a été transportée dans plusieurs hôpitaux pour y être soignée. Son père et sa famille vivent avec très peu de revenus et ne pouvaient pas assumer le coût du transport vers Kandahar. Après plusieurs mois difficiles, ils ont réussi à venir. Malheureusement, à ce moment-là, sa jambe gauche a dû être amputée.

L'équipe de HI au centre a accompagné la jeune fille pendant plusieurs semaines alors qu'elle était en convalescence après l'opération. Nous lui avons permis de suivre des séances de rééducation pour améliorer sa mobilité, sa force et son équilibre. Enfin, lorsqu'elle a été prête, les mesures ont été prises et elle a été appareillée.  

Quelle est l’importance du centre de réadaptation HI de Kandahar ?

Les besoins en matière de réadaptation sont immenses. Les gens viennent au centre tous les jours. Ils viennent parfois de très loin, certaines familles pouvant mettre une journée entière pour venir. Il n'y a que deux centres de réadaptation dans le sud du pays.

Depuis août 2021, le nombre de patients a augmenté. Plus de personnes peuvent accéder au centre depuis la fin des combats, des barrages routiers et des mesures de sécurité strictes. Désormais, nous recevons plus de 100 personnes par semaine au centre de Kandahar.

Quelle est le lien entre handicap et armes explosives, mines terrestres et autres restes explosifs de guerre ?

D'après nos données, la majorité des personnes ont acquis un handicap après un accident causé par un engin explosif, une mine antipersonnel ou un reste explosif de guerre. En Afghanistan, la prévalence du handicap est très élevée : 80 % de la population afghane présente une forme de handicap, et ceci en raison de la présence des engins explosifs en tout genre, de conflits armés et d'un accès limité aux services de santé.

Quelle est la situation générale en Afghanistan six mois après la prise du pouvoir par les Talibans ?

Plus de la moitié de la population a besoin d'une aide humanitaire. Les gens luttent réellement contre la pauvreté, les déplacements forcés, la sécheresse et les risques liés aux engins explosifs improvisés. Le système de santé est débordé et l'économie s'est effondrée. De nombreuses familles luttent simplement pour avoir à manger. Comme il n'y a plus d'argent liquide en circulation, les fonctionnaires n'ont pas été payés depuis des mois et les gens ne peuvent plus rien acheter.

Quelle est la réponse de HI à cette situation ?

HI fournit des soins de réadaptation car le système médical du pays n'est pas en mesure de répondre à la demande actuelle. Les services de kinésithérapie étant rares, nous avons un plan national pour former plus de 120 kinésithérapeutes au cours d'un cursus de 3 ans. HI apporte également un soutien psychosocial à de nombreuses personnes souffrant de stress et d'anxiété, car il existe très peu de services de santé mentale dans le pays. Nous menons également des séances d'éducation aux risques, car la présence de mines et de restes explosifs de guerre reste une menace quotidienne pour la population.

Les équipes HI de Kunduz et Herat ont commencé à fournir une aide financière pour soutenir les familles aux revenus les plus faibles : nous fournissons entre 6 et 9 allocations de 200 dollars par foyer, en ciblant 1 600 familles particulièrement vulnérables. Ce soutien financier leur permettra d'acheter de la nourriture et d'accéder à des services de base comme les soins médicaux.

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