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Fatou Diaw, démineuse chez HI depuis 2018. Elle travaille actuellement au Sénégal dans la région de Ziguinchor, en Casamance. | © M. Simoncelli / HI
Publié le 14 novembre, l'Observatoire des mines 2023 fait état d'un nombre élevé de victimes causées par les mines antipersonnel, les restes explosifs de guerre et les mines improvisées pour la huitième année consécutive.
Les forces armées de la Russie et du Myanmar ont largement utilisé des mines, et des groupes armés non étatiques en ont également utilisé dans au moins cinq pays. Les États se réuniront à Genève du 20 au 24 novembre pour la conférence annuelle du Traité d'interdiction des mines. HI les appelle à faire pression sur les parties en conflit pour qu'elles cessent d'utiliser ces armes barbares.
Lire le rapport 2023 complet de l’Observatoire des mines (en anglais)
En 2022, au moins 4 710 personnes ont été tuées ou blessées par des mines antipersonnel ou des restes explosifs de guerre. (Cette diminution par rapport aux 5 544 victimes enregistrées en 2021 est principalement due aux difficultés importantes rencontrées dans la collecte de données en Afghanistan).
Parmi elles, 1 661 ont perdu la vie, 3 015 ont été blessées, tandis que le statut de 34 personnes reste inconnu. Les civils représentent 85 % des victimes, et près de la moitié des victimes civiles sont des enfants (49 %), soit un total de 1 071 lorsque leur groupe d'âge est connu.
Pour la troisième année consécutive, c'est la Syrie qui a enregistré le plus grand nombre de victimes, avec 834 victimes en 2022, suivie par l'Ukraine (au moins 608 victimes en 2022), le Yémen (582) et le Myanmar (545), entre autres.
« Depuis 2015, après des années de déclin, nous assistons chaque année à un nombre élevé de victimes de mines. Les conflits prolifèrent et certaines armées, comme la Russie en Ukraine, utilisent des mines terrestres à grande échelle. Nous observons également que des zones restent contaminées pendant de longues périodes, faisant des victimes longtemps après la fin des violences. Par exemple, au Yémen, les hostilités ont considérablement diminué depuis la trêve d'octobre 2021, mais les gens continuent d'être victimes de l'héritage des batailles passées. En 2022, près de 600 personnes ont été tuées ou blessées par des mines, des engins improvisés ou des restes d'explosifs dans le pays », indique Anne Héry, directrice du plaidoyer chez HI.
De nouveaux cas d'utilisation de mines terrestres par le Myanmar, la Russie et l'Ukraine ont été signalés au cours de la période.
Selon l'Observatoire, l'utilisation de nouvelles mines par les forces armées du Myanmar a considérablement augmenté depuis 2021, notamment à proximité d'infrastructures essentielles, telles que les tours de téléphonie mobile, les entreprises d'extraction et les oléoducs et gazoducs.
Les forces russes ont largement utilisé des mines antipersonnel depuis leur invasion de l'Ukraine qui a débuté le 24 février 2022. Il a été rapporté que les forces russes ont utilisé au moins 13 types de mines antipersonnel. L'Observatoire signale également l'utilisation de mines antipersonnel par les forces gouvernementales ukrainiennes dans et autour de la ville d'Izium en 2022, alors que la ville était sous contrôle russe. L'Ukraine est liée par le traité d'interdiction des mines.
Des groupes armés non étatiques d'au moins cinq pays ont également utilisé des mines antipersonnel en Colombie, en Inde, au Myanmar, en Thaïlande et en Tunisie.
Au total, 60 pays et territoires ont des terres contaminées par des mines antipersonnel.
En octobre 2023, au moins 24 États parties ont une contamination par les mines improvisées avérées ou suspectées : Afghanistan, Bosnie-Herzégovine, Burkina Faso, Cameroun, Afrique centrale, Colombie, Guinée-Bissau, Iraq, Mali, Mexique, Mozambique, Niger, Nigeria, Philippines, République démocratique du Congo, Somalie, Tchad, Thaïlande, Togo, Tunisie, Turquie, Ukraine, Venezuela et Yémen.
En 2022, les mines improvisées (engins explosifs positionnés manuellement, généralement de fabrication artisanale, auto-activés par la victime, conçus pour tuer, blesser, endommager, etc., comme une mine) ont fait le plus grand nombre de victimes pour la septième année consécutive (1 517, soit 32 %). Les mines antipersonnel manufacturées ont fait 628 victimes. Les restes explosifs de guerre représentent environ 20 % des victimes enregistrées par l'Observatoire en 2022 (946). Les restes d'armes à sous-munitions ont fait au moins 194 victimes.
« La ville de Raqqa, dans le Nord-Est de la Syrie, est un exemple poignant des énormes défis auxquels les experts en déminage continueront à faire face dans les années à venir. À Raqqa, nous déminons des bombes non explosées, des restes d'engins explosifs, des pièges, des mines, etc. Nos opérations de déminage couvrent une grande variété de terrains, dont les terres agricoles, les décombres de bâtiments détruits, et même sous l'eau des rivières ou des barrages. Notre travail est particulièrement varié et complexe. Nous rencontrons tout le spectre des armes explosives et nous opérons dans des zones densément peuplées, ce qui pose des problèmes de sécurité. Les experts en dépollution ont donc dû s'adapter à ces nouvelles formes de contamination », explique Myriam Abord-Hugon, Directrice de HI en Syrie.
HI est une organisation de solidarité internationale indépendante et impartiale, qui intervient dans les situations de pauvreté et d’exclusion, de conflits et de catastrophes. Œuvrant aux côtés des personnes handicapées et des populations vulnérables, elle agit et témoigne, pour répondre à leurs besoins essentiels, pour améliorer leurs conditions de vie et promouvoir le respect de leur dignité et de leurs droits fondamentaux.
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