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Une boîte à dons pour les prothèses dans l'atelier des appareils fonctionnels de HI. | © © Amy Leang / HI
Pour fabriquer des prothèses et d'orthèses, HI utilise des solutions alternatives et innovantes qui limitent leur impacts environnementaux négatifs.
Les prothèses et les orthèses peuvent changer la vie de nombreuses personnes. Elles ouvrent la porte à d'innombrables possibilités et contribuent à l'autonomie comme à l'indépendance de leurs utilisateurs. Cependant, la fabrication de ces appareillages nécessite souvent une quantité incroyable d'énergie et de matériaux, dont beaucoup finissent par être gaspillés.
« Pour fabriquer un appareillage orthopédique, nous avons besoin de beaucoup de plastique, de métaux, d'eau, de plâtre, de carbone, de résine... », explique Abder Banoune, spécialiste en réadaptation de HI.
« Il faut beaucoup d'énergie, et de nombreuses personnes pour fabriquer un simple appareillage (prothèse ou orthèse). Chaque appareillage est fait sur mesure pour l'utilisateur, et de nouveaux éléments doivent être fabriqués lorsque les gens grandissent ou que leur corps change. Par exemple, de nombreux adultes changent de prothèse tous les cinq ans, alors que l'amputation dure par définition toute la vie. Vous pouvez donc imaginer le nombre d'appareillages nécessaire à une personne après 40 ou 60 ans. Les enfants doivent changer encore plus fréquemment (tous les 6 mois ou un an) car ils grandissent davantage. Il en résulte beaucoup de déchets ».
HI s'engage à fournir un accès à des soins de réadaptation de qualité aux personnes du monde entier, tout en restant consciente de notre impact écologique. Les pays à faible revenu, où HI intervient principalement, sont touchés de manière disproportionnée par les conséquences négatives des déchets, du changement climatique et de la négligence environnementale, qui amplifient tous les besoins humanitaires. Dans le cadre de son engagement envers les populations soutenues et leur environnement, HI adopte trois approches pour limiter les déchets et la consommation d'énergie dans la fourniture d'appareilages fonctionnels.
« L'idée d'utiliser des prothèses d’occasion est venue de la directrice de la réadaptation de HI, Isabelle Urseau, après avoir vu les appareils gaspillés sur le terrain », explique Abder. « Lorsque je travaillais en Afrique, les centres avaient tous d'énormes piles et conteneurs remplis d'appareillages détruits ou rouillés qui ne pouvaient pas être réutilisés. Ils sont simplement jetés dans la cour où ils resteraient pour toujours. »
À Lyon, HI gère un atelier de prothèses d'occasion appelé « La Poudrette », dirigé par des professionnels de la prothétique et de l'orthétique à la retraite. L'atelier reçoit des appareils usagés et les démonte, conservant tous les composants réutilisables qui seront envoyés aux programmes de HI pour en construire de nouveaux.
« Environ 50 à 60 % de l’appareil peut être réutilisé ».
« Parfois, s’il faut réparer un appareillage, vous n'avez besoin que d'une seule pièce. Au lieu d'acheter de nouveaux composants ou de devoir fabriquer une prothèse entièrement nouvelle, on peut toujours réutiliser les pièces de bonne qualité », explique Abder.
La Poudrette s'est considérablement développée depuis sa création et permet aujourd’hui de démonter entre 1 000 et 1 500 prothèses par an, avec des plans pour doubler ou tripler ces actions dans un avenir proche.
En 2016, HI est devenue la première ONG à utiliser l'impression 3D pour fabriquer des orthèses dans des environnements à faibles ressources. En Ouganda, HI utilise cette technologie innovante dans les camps de réfugiés pour scanner les membres des personnes ayant besoin d'appareils, et envoyer les fichiers numériques pour qu'ils soient imprimés en 3D dans un lieu à distance, sans que le bénéficiaire ait besoin de se rendre dans un centre de réadaptation. Cette méthode nous permet non seulement d'atteindre davantage de personnes isolées, mais aussi d'utiliser moins d'énergie et de matériaux que la méthode traditionnelle de fabrication des orthèses.
Lorsque l'on fabrique des orthèses selon la méthode traditionnelle, on fait d'abord un moulage du corps en plâtre. Ce plâtre constitue une grande partie des déchets, car il est difficile à recycler après le processus. Le plastique est ensuite chauffé à 200 degrés Celsius pour être façonné sur le moulage en plâtre, avant d'ajouter ultérieurement des composants tels que des joints métalliques, de la mousse, de la résine stratifiée et autres. Le processus nécessite des milliers de litres de carburant, un générateur puissant et un grand centre pour abriter l'équipement.
« L'impression 3D est une approche unique pour fabriquer des appareils orthopédiques sans avoir besoin d'un équipement énorme, de beaucoup d'énergie ou de beaucoup de matériaux. Tout est virtuel, donc au lieu d'utiliser du plâtre, on peut simplement scanner les membres. Nous n'avons pas besoin d'un espace énorme et l'imprimante ne consomme qu'une petite quantité d'énergie, environ trois ou quatre fois moins que la méthode traditionnelle. À l'avenir, je pense que nous pourrons les alimenter par des panneaux solaires, ce qui ne serait pas possible traditionnellement. C'est écologique, la technologie est très légère, et elle est peu coûteuse »
Bien que l'impression 3D apparaisse comme une solution possible, la création à base de plâtre reste la norme pour la plupart des dispositifs. Le plâtre nécessaire à la fabrication des prothèses est souvent expédié de l'étranger, ne peut être utilisé qu'une seule fois et finit malheureusement à la poubelle. Le gypse, à partir duquel le plâtre est fabriqué, représente 400 000 tonnes de déchets dans le monde. HI, à elle seule, génère 5 à 10 tonnes de déchets de gypse par an du fait de la création de prothèses. L’association est déterminée à trouver une solution.
HI s'est associé à l'Institut national des sciences appliquées (INSA), une école d'ingénieurs, pour mener des recherches afin de résoudre ce problème. Un programme de l'INSA réalise actuellement des expériences et étudie des moyens efficaces de réutiliser et de recycler le plâtre
Dans un autre programme, les chercheurs étudient les moyens d'obtenir et de recycler localement des matériaux tels que des bouteilles en plastique ou des fibres végétales pour créer le filament utilisé dans l'impression 3D.
« Il est important de trouver des solutions locales et adaptées », explique Magdelana Szynkowska, chargée de développement chez HI. « Chaque contexte aura des matériaux différents disponibles, différentes fibres végétales et différents types de plastique utilisés dans les bouteilles en plastique, donc il n'y a pas forcément une seule réponse. C'est un travail compliqué, mais je suis convaincue que nous trouverons des solutions. »
Projet VERT: HI s'engage à réduire les effets néfastes du changement climatique sur les populations vulnérables et marginalisées du monde. Nous préparons les communautés à faire face aux chocs et aux stress climatiques et nous répondons aux crises amplifiées par les facteurs environnementaux. Nous considérons les facteurs de vulnérabilité ou d'exclusion liés au handicap, au genre et à l'âge dans toutes nos actions, et nous plaidons pour que les praticiens et les politiciens intègrent aussi cette approche dans leur travail sur le climat. HI est également déterminée à réduire sa propre empreinte écologique en adaptant et en mettant en œuvre des approches de l'action humanitaire respectueuses de l'environnement.
HI est une organisation de solidarité internationale indépendante et impartiale, qui intervient dans les situations de pauvreté et d’exclusion, de conflits et de catastrophes. Œuvrant aux côtés des personnes handicapées et des populations vulnérables, elle agit et témoigne, pour répondre à leurs besoins essentiels, pour améliorer leurs conditions de vie et promouvoir le respect de leur dignité et de leurs droits fondamentaux.
Là où sévissent les conflits, les catastrophes naturelles, la pauvreté et l’exclusion, nous travaillons aux côtés des personnes handicapées et des populations vulnérables pour améliorer leurs conditions de vie.