Go to main content

« Continuer à vivre et à aider les autres »

partager

Réadaptation | Réduction de la violence armée | Urgence | Territoires Palestiniens Occupés | PUBLIÉ LE 13 août 2024
Doa'a avec une enfant pendant une séance de réadaptation.

Doa'a avec une enfant pendant une séance de réadaptation. | © HI

Doa'a Al-Naqeeb, âgée de 24 ans, est kinésithérapeute à HI et fait partie de l'équipe de volontaires d'urgence dans le camp de déplacés de Nuseirat.

Depuis le 7 octobre et l'escalade de violences entre Israël et le Hamas, au moins 40 000 Palestiniens ont été tués - dont au moins 10 000 enfants - et plus de 80 000 blessés dans les bombardements incessants de Gaza par les forces israéliennes. Cette offensive meurtrière fait suite à une attaque massive lancée par le Hamas contre Israël, au cours de laquelle 1 200 Israéliens ont été tués et 240 Israéliens et ressortissants étrangers ont été pris en otage.

Je vis à Gaza, dans le camp de Nuseirat, depuis ma naissance en 1999, et je suis actuellement déplacée dans le même camp, mais dans un autre quartier. La vie avant était si belle que je m’endors et je me réveille en souhaitant revenir à cette époque. 

Ce que j'aime le plus dans mon travail, c'est qu'il est purement humanitaire et que son impact sur les gens est immense. Mon travail de kinésithérapeute, spécialiste de la réadaptation, permet de créer des petits miracles.

Perdre sa maison 

J'ai perdu ma maison le troisième jour de la guerre, le 11 octobre 2023, ce qui m'a obligé à déménager dans huit endroits différents. D'abord dans le camp où je vis chez des proches, puis dans le camp de Bureij, puis dans une autre maison du camp de Nuseirat, puis à Al-Zawaida dans la zone centrale, puis à Deir al-Balah, et enfin de nouveau dans le camp de Nuseirat, dans la zone d'Al-Zuhour. 

Tous ces déménagements ont eu lieu dans des maisons différentes. Le fait de ne pas avoir de maison à soi est vraiment angoissant. J'ai du mal à accepter que je n’ai plus de chambre - c’est dur surtout en hiver.

Pendant le déplacement vers Al-Zawaida, nous n’avions ni eau, ni nourriture. Avec le manque d'eau, la propreté et le lavage des vêtements et de la vaisselle étaient impossible.

Depuis que j’ai tout perdu dans le bombardement de notre maison, je ne change quasiment jamais de vêtements...

Une famille décimée  

En tout, 17 membres de ma famille dont mes parents et mon frère qui étaient responsables de tout. Mes autres frères et sœurs ont également été blessés. Ma sœur cadette a souffert d'une fracture compliquée à la main droite, qui a nécessité de nombreuses interventions chirurgicales. Jusqu'à récemment, elle souffrait encore des conséquences de cette blessure.

J'ai eu moi-même plusieurs fractures. J'ai survécu miraculeusement sous les décombres. 

Traumatisées par la guerre 

Chaque fois que nous pensons nous en sortir, que nous trouvons un peu de stabilité dans un endroit, de nouveaux incidents nous ramènent à la case départ.

Mon frère aîné, qui a été tué, avait deux petites filles qui ont beaucoup souffert, d'abord parce qu’elles ont été blessées, puis à cause des déplacements, et de l’anxiété constante provoquée par les bombardements et les violences. Elles ont toujours peur, n’arrivent pas à dormir. Elles veulent toujours rester auprès de nous et ont peur quand on s’éloigne. 

Travailler avec l'équipe de bénévoles de HI, rencontrer de nombreuses personnes ayant vécu des histoires similaires à la mienne m'a aidée à accepter la réalité, à me relever avec force pour continuer à vivre et à aider les autres.

Soutenir les personnes qui survivent à la guerre  

J'ai survécu à un horrible massacre au cours duquel j'ai perdu 17 membres de ma famille, dont mes parents et mon frère aîné. 

Je veux continuer à travailler avec HI, qui a eu un impact très positif sur mon psychisme, qui m’a aidée surmonter la perte de ma famille et à ne pas me sentir seule dans cette épreuve. Je veux offrir mes services au plus grand nombre possible de personnes dont l'histoire est souvent similaire à la mienne.


Appel au cessez-le-feu 

Nous appelons à un cessez-le-feu immédiat et permanent, ainsi qu’à la libération inconditionnelle de tous les otages. Nous demandons également un accès direct, sûr et sans entrave de l'aide humanitaire.

Les autorités israéliennes doivent cesser leurs actions violentes contre les civils et les bâtiments civils, et lever les restrictions d'accès imposées aux Palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Ces restrictions empêchent souvent les personnes d'accéder aux services de santé essentiels, dont la réadaptation physique et les services de santé mentale et de soutien psychosocial. 

La population palestinienne fait face à une situation humanitaire catastrophique. Dans deux arrêts récents, la Cour internationale de justice a conclu à de possibles violations de la Convention sur le génocide et a déclaré illégale l'occupation israélienne de la Cisjordanie.

Plus d'actualités