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L’impact à long terme de la guerre sur la santé des plus vulnérables

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Santé | Urgence | Ukraine | PUBLIÉ LE 24 janvier 2024
Antonina Kolytova, 68 ans, de Vuhledar, reçoit une séance de rééducation et de mobilité de la part de la kinésithérapeute de HI, Maria Topka. Novomoskovsk, Ukraine.

Antonina Kolytova, 68 ans, de Vuhledar, reçoit une séance de rééducation et de mobilité de la part de la kinésithérapeute de HI, Maria Topka. Novomoskovsk, Ukraine. | © T. Nicholson / HI

Deux ans après l’invasion de la Russie, HI déplore une augmentation des besoins en termes de santé des personnes les plus à risques notamment dans l’Est de l’Ukraine où se situe la ligne de front.

Un accès aux soins de santé limité, voire inexistant

Antonina et son mari ont fui la ville de Vuhledar, située sur la ligne de front pour venir trouver refuge à Novomoskovsk. Novomoskovsk est une ville industrielle d’environ 70 000 habitants située à 25 kilomètres de Dnipro, dans l’Est de l’Ukraine.

Ce couple de soixantenaire vit désormais dans un immeuble ancien, accessible uniquement par ascenseur. En général ce type de bâtiment n’est pas équipé pour les personnes ayant des problèmes de mobilité. Atteinte d’un cancer et sous chimiothérapie lorsque le conflit ont éclaté à Vuhledar, elle a malheureusement fait un accident cardio vasculaire cérébral peu de temps après avoir emménagé dans cette nouvelle ville.

Dans leur nouveau logement, le lit, le canapé, le déambulateur, les toilettes ont été regroupés dans l’ancien salon pour minimiser les efforts d’Antonina. Récemment, Antonina a ressenti une sensation de froideur et un manque de sensibilité dans sa main. Elle explique : « J'ai l'impression que ce n'est pas ma main, qu'elle est dans un gant ». Antonina souffre du syndrome du canal carpien qui pourrait être dû à son accident vasculaire cérébral ou à la perfusion intraveineuse posée à l’hôpital.

Maria Topka, 22 ans, kinésithérapeute pour HI, lui a rendu visite pour pratiquer des séances de réadaptation individuelle. Elle lui a par  montré des exercices de musculation qu'Antonina peut pratiquer de manière autonome, chez elle. En plus de la réadaptation, HI a lui a récemment donné des toilettes portables et un nouveau déambulateur afin de faciliter son quotidien.

Les difficultés d’accès aux soins de santé font partie des besoins humanitaires les plus importants que rencontrent les équipes de HI en Ukraine :

« C’est le cas notamment dans les zones rurales, les territoires proches de la ligne de front ou les oblasts frontaliers avec la Russie », précise Rhiain Moses, chef de projet senior de HI à Dnipro, dans l’Est de l’Ukraine.

De petits miracles sont possibles

Ce sont ces personnes, comme Antonina, plus vulnérables à l'exclusion et au manque d'accès aux soins approriés, que les équipes mobiles de HI dans l’Est de l’Ukraine souhaitent soutenir le plus efficacement possible. Depuis le début de la réponse d’urgence de HI en Ukraine en février 2022, plus de 12 000 sessions de réadaptation ont été effectuées.

Et ce soutien régulier fait ses preuves. Voire de « petits miracles », comme pour Serhii, 36 ans, vivant avec sa mère dans un centre d’accueil de déplacés à Pavlorad. Serhii et sa mère ont déjà vécu plus de dix ans de guerre. Serhii était cuisinier, et le 30 janvier 2016 sa vie bascule : une roquette tombe sur sa ville natale de Avdiivka. Renversé par l’onde de choc, Serhii a gravement été blessé.

En raison de l'intensité des combats, les médecins et les neurologues avaient déjà quitté la ville, et il aura fallu cinq jours pour qu'un médecin de Kramatorsk arrive. Serhii n’a pas pu être évacué et a donc été opéré dans la ville. Il a subi une craniectomie : un tiers de son cerveau a été retiré pour le garder en vie. Des plaques métalliques maintiennent désormais son crâne en place.

Les médecins condamnaient le jeune homme : il ne pourrait jamais remarcher. Mais désormais, après beaucoup d’entraînement et de rééducation, Serhii peut faire quelques pas et se déplacer grâce à des béquilles malgré ses tremblements.

Irina Yashchuk, responsable du projet Santé de HI dans l’Est de l’Ukraine conclut :

« La réduction de l'accès à des besoins aussi fondamentaux que les soins médicaux a de graves conséquences : une détérioration générale de la santé des personnes et l'aggravation des maladies chroniques ou l'apparition de nouvelles maladies chez certains bénéficiaires. L'exposition à un stress chronique dans le contexte d'une guerre en cours peut également affecter la santé des personnes, les affaiblissant à la fois psychologiquement et physiquement. »

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