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Insertion professionnelle : Badariya, le talent au bout des doigts

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Inclusion | Niger | PUBLIÉ LE 7 juin 2023
Une jeune femme portant un voile jaune est assise devant une table et coud sur sa machine.

Une jeune femme handicapée apprend à coudre lors d’un atelier d’insertion professionnelle organisé par HI à Maradi, au Niger. | © J. Labeur / HI

Au Niger, HI accompagne des jeunes femmes handicapées dans leur insertion professionnelle. Badariya, couturière de talent, est une ancienne apprenante devenue formatrice.

À Maradi, au Niger, HI accompagne des personnes handicapées dans leur insertion socio-économique. À travers des ateliers et des formations, l’organisation leur permet d’accroître leurs compétences afin de trouver un emploi. Badariya Issoufou, ancienne élève de couture aujourd’hui formatrice, est un exemple de réussite.

Avoir des objectifs et ne jamais se décourager

Badariya Issoufou, couturière et formatrice. © J. Labeur / HIUn matin comme les autres, alors qu’elle n’a que 11 ans, Badariya va à l’école. La matinée touche à sa fin quand elle est soudain prise de vertiges et s’évanouit. La jeune fille est transportée en urgence à l’hôpital où on lui diagnostique une méningite. Elle reste hospitalisée plusieurs semaines. Quand elle sort enfin, la petite Badariya a perdu l’audition. Bien des années après, la jeune femme de 32 ans se souvient de cette époque.

« Après ma maladie, j’ai vécu des périodes très mouvementées occasionnées par ma perte de l’audition et la recherche de réconfort. J’ai arrêté l’école, je me suis mariée et je suis devenue maman d’un petit garçon à l’âge de 19 ans. Durant cette période, j’ai préféré consacrer ma vie et mon temps à mon foyer. Hélas, mon conjoint, poursuivi inlassablement par les critiques de sa famille qui ne voulait pas d’une belle-fille handicapée, a fini par divorcer. »

À la suite de son divorce, Badariya souhaite reprendre ses projets laissés en jachère. Après son décrochage scolaire, elle avait appris la couture auprès de sa grand-mère. Passionnée par ce métier, elle décide de reprendre sa formation pour se perfectionner. En 2018, pour consolider ses compétences et grâce à l’appui de HI, elle suit une formation de six mois au centre de formation aux métiers de Maradi.

« Après cette formation pratique, j’ai lancé mon atelier de couture à l’aide d’une seule machine, donnée par HI. Peu de temps après mon installation, j’ai accueilli trois jeunes apprenties, des jeunes filles du quartier ayant un handicap auditif. Elles me payaient moins de 4 € par semaine pour l’apprentissage et cet argent me permettait d’acheter du tissu pour confectionner de petites robes que je vendais dans le quartier entre 9 à 11 € l’unité », explique Badariya.

Le plaisir du partage

Badariya anime un atelier de couture et de tricot organisé par HI. © J. Labeur / HIGrâce à son talent pour la couture, Badariya attire jour après jour de nouveaux clients. Aujourd’hui, elle est une professionnelle talentueuse qui compte une dizaine de machines à coudre dans son atelier, acquises grâce aux revenus de ses activités.

Badariya trouve beaucoup de plaisir à former à son tour d’autres personnes, handicapées ou non. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle son atelier de couture ne désemplit pas : l’apprentissage s’y fait toujours dans une ambiance festive. En 2020, HI lui confie la formation en couture et en tricot de 10 jeunes apprentis handicapés, dans le cadre d’un projet d’insertion socioéconomique des personnes handicapées à Maradi. La formation est un succès et le partenariat sera renouvelé par la suite.

Au quotidien, Badariya reçoit l’accompagnement de HI à travers des formations en entreprenariat : gérer son entreprise, accéder aux crédits, apprendre le marketing et la communication, etc. Elle y partage ses expériences avec d’autres entrepreneurs et met en application les bonnes pratiques qu’elle découvre chez les autres. Ces formations sont aussi pour elle l’occasion de renforcer son réseau et d’acquérir de nouveaux partenaires et de nouveaux clients.

Donner un sens à son travail

Des jeunes filles apprennent à coudre lors d’un atelier animé par Badariya. © J. Labeur / HIGrâce à sa détermination et à son travail, Badariya s’est taillé une place au sein de sa communauté. Sa vie est bien remplie, entre sa passion et son amour pour son fils, Aboubacar, qui a aujourd’hui 10 ans. Badariya lui apprend à aimer et à développer ses talents, notamment l’art de la couture. Aboubacar l’aide parfois, en lui servant d’interprète pour communiquer avec son entourage ou ses clients. Loin de se reposer sur ses acquis, la jeune femme nourrit encore de grandes ambitions :

« À l’avenir, mon rêve est d’ouvrir une école de couture et de tricot avec des salariés à temps plein et des machines modernes. Je veux donner aux autres jeunes filles handicapées le goût de ce métier et participer activement au développement économique de mon pays. »


Le projet d’insertion socioéconomique et d’éducation inclusive de HI à Maradi est financé grâce au soutien du ministère des Affaires étrangères du Luxembourg, du NORAD et de l’Unicef. Il a pour objectif d’accompagner 100 jeunes handicapés pour les orienter et les former, afin de leur permettre de s’insérer dans la vie professionnelle. Le projet a déjà permis de sensibiliser 260 acteurs des services publics et du monde professionnel à l’accueil des personnes handicapées et de former 100 formateurs de 10 centres de formation professionnelle au handicap. Par ailleurs, près de 50 000 parents et membres de la communauté ont été sensibilisés et formés au handicap et à l’éducation inclusive.

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