Go to main content

HI a soigné 300 victimes de mines en 4 ans

partager

Réadaptation | Réduction de la violence armée | Urgence | Yémen | PUBLIÉ LE 14 mars 2019
Séance de rééducation pour deux jeunes patients (à droite, Yasser, 12 ans) au centre de rééducation de Sana’a

Séance de rééducation pour deux jeunes patients (à droite, Yasser, 12 ans) au centre de rééducation de Sana’a | ©ISNA agency / HI

Pauline Falipou, experte en rééducation pour HI, revient sur les blessures engendrées par les mines et les bombardements au Yémen.

Quels types de blessures les équipes de HI soignent-elles ?

Les équipes accompagnent beaucoup de cas d’amputation provoquée par un bombardement, une mine ou un reste explosif - dont des restes de sous-munitions qui sont, comme les mines, une arme interdite. Les mines, en particulier, provoquent des amputations des membres inférieurs : en posant le pied sur une mine, on déclenche une explosion qui arrache la jambe. Il n’y a pas d’autres solutions que d’amputer le membre touché.

Les victimes de bombardements, elles, ont souvent des blessures complexes : plaies ouvertes, fractures, brûlures, perte de masse musculaire, système nerveux atteint… Cela peut être très difficile à soigner, et les douleurs et les séquelles sont souvent à vie.

Les équipes HI soignent aussi beaucoup de blessures par balle : la victime peut perdre de la masse musculaire mais, en général, elle garde l’intégrité de son corps. Les risques d’infection sont par contre importants. Une blessure par balle conduit le patient dans un long parcours médical. Après une opération, la rééducation nécessaire pour regagner en mobilité peut prendre des mois : c’est une convalescence longue qui engendre une invalidité temporaire.

Pourquoi HI associe-t-elle le soutien psychologique à la rééducation ?

L’explosion d’une mine et la perte du membre qui s’en suit est une expérience traumatisante : se réveiller à l’hôpital sans jambe, c’est un choc pour la victime qui est déjà terrorisée par l’explosion et n’ose souvent plus sortir de chez elle. Elle passe ensuite par une phase angoissante : comment vais-je retrouver une vie normale sans jambe, sans bras ? Comment vais-je reprendre mon travail, nourrir ma famille ? Beaucoup de patients sont dans un état de prostration. Ils ne parlent plus, ont perdu toute volonté. Ils ont besoin d’une aide psychologique.

D’autre part, le patient doit avoir un certain degré de motivation pour que la rééducation soit efficace. S’il est en dépression et qu’il « abandonne », il ne sera pas réceptif aux soins, il ne fera pas bien des exercices exigeants et parfois douloureux. Enfin, lors de l’appareillage, il doit être psychologiquement prêt à accepter la prothèse – ce n’est pas quelque chose de naturel.

Soigne-t-on beaucoup de victimes de mines ?

En quatre ans, nous avons soigné 2 500 victimes d’armes explosives, tout type d’armes confondus, dont 300 victimes de mines. Si on compare avec nos interventions dans d’autres zones de guerre, la proportion de victimes de mines est vraiment importante.

Où trouve-t-on des mines et des restes de bombes au Yémen ?

Au Yémen, les mines sont utilisées pour bloquer la progression d’un ennemi. On les trouve sur la côte Ouest du pays, plutôt au Nord, dont beaucoup autour de la ville de Hodeidah où se sont concentrés l’essentiel des combats ces derniers mois. Elles ne tuent et blessent presque exclusivement que des civils.

C’est aussi à l’Ouest, plutôt dans la partie Sud, que se concentre la contamination par les « restes explosifs de guerre » : des bombes qui lors d’un raid aérien, par exemple, n’ont pas explosé à l’impact, qui contaminent un quartier, un village, deviennent une menace permanente pour les populations et font de nouvelles victimes, en général des civils.

Quelle est la situation dans les hôpitaux ?

Les hôpitaux où nous travaillons sont totalement engorgés. De nombreuses zones sont sans structure médicale aucune et cette situation s’est aggravée avec le conflit. Le pays est traversé par des déserts médicaux qui se sont élargis avec la guerre car de nombreuses structures de santé ne peuvent plus fonctionner à cause des violences. Les gens viennent de très loin pour se faire soigner. Surtout que nous sommes une des rares organisations à offrir des services de rééducation post-opératoire au Yémen.

Plus d'actualités