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Adré, Octobre 2023. Abdellatif est paralysé à partir de la taille, il effectue ses exercices de kinésithérapie avec l’équipe HI à l’hôpital. Ils travaillent ensemble quotidiennement pour que le petit garçon puisse retrouver de la mobilité et des sensation | © HI
Le petit garçon, blessé par balle il y a près d’un an, travaille dur pour retrouver sa mobilité et des sensations. Un travail de rééducation intensif, accompagné par HI à l’Est du Tchad.
Abdellatif, 9 ans, est tout sourire alors qu'il lance et attrape un ballon sous le soleil, près de l’hôpital Médecins Sans Frontières (MSF) situé à Adré, ville de transit de marchandise au climat désertique, à seulement cinq kilomètres du Soudan où la guerre a éclaté le 15 avril 2023. Abdellatif est paralysé depuis quelques mois, des suites d’une blessure par balle. Aujourd’hui, il reste positif, travaille dur et continue de plaisanter lorsqu'Adrien, le kinésithérapeute de HI, l’accompagne dans ses exercices quotidiens.
Abdellatif est un patient de l'hôpital d'Adré, une petite ville frontalière de l'est du Tchad qui abrite aujourd'hui près de 500 000 réfugiés ayant fui le Soudan où les affrontements font rage. Comme Abdellatif, beaucoup de personnes ont été blessées lors de terribles actes de violences qui frappent la région du Darfour occidental, au Soudan, depuis le début de la guerre.
Un matin d'avril, vers 8 heures, Abdellatif jouait avec quelques amis devant la porte de sa maison, dans la ville d'El Geneina, capitale du Darfour Occidental qui se situe à 30 kilomètres de la frontière tchadienne. Soudain, et sans avertissement, il a été touché par des tirs de sniper. Après cela, Abdellatif est parti à pied avec sa famille pour traverser la frontière avec le Tchad, en espérant trouver un refuge et une aide médicale. À leur arrivée, le petit garçon a été opéré à l'hôpital MSF mais la balle avait endommagé sa moelle épinière, le laissant paralysé à partir de la taille avec le sentiment d'avoir perdu tout espoir.
L'équipe de HI est la seule à dispenser des soins de rééducation à l'hôpital d'Adré depuis le mois de juin 2023. Après quelques séances avec Abdellatif, Adrien, le kinésithérapeute de l’équipe HI, s'est aperçu que le jeune garçon avait quelques sensations dans les jambes. Une lueur d’espoir qui les a poussés à davantage travailler ensemble pour voir s'il y avait une marge d'amélioration qui permettrait à Abdellatif de retrouver une certaine mobilité. Depuis, Abdellatif suit régulièrement des séances de kinésithérapie comprenant des exercices physiques et des jeux stimulants.
À l'aide d'une planche spécialement conçue pour lui permettre de se tenir debout, Abdellatif lance et attrape un ballon de football américain pendant qu'Adrien lui tient les jambes et lui indique quelques instructions, telles que "à gauche, à droite, recommence", dans un arabe élémentaire. L'objectif : activer ses membres supérieurs et son tronc pour stimuler les muscles et le système nerveux de ses membres inférieurs. Avec un peu de chance et beaucoup de travail, Abdellatif pourrait retrouver un certain niveau de sensation, voire de mobilité.
Adrien place ensuite sa main sur la poitrine d'Abdellatif et lui demande d'essayer de résister en le repoussant. Cette technique vise à faire se contracter les muscles d'autres parties du corps pendant que le patient essaie de se stabiliser. Dans les cas de lésions de la moelle épinière, les perspectives de guérison reposent sur une rééducation intensive, ce qui implique beaucoup de répétitions. Ainsi, plus les patients effectuent leurs exercices de rééducation, plus ils ont de chances de s'en sortir.
Abdellatif est toujours très motivé et continue à effectuer ses exercices pendant la journée même lorsqu’il n’est pas avec Adrien pour une séance. Le sourire scotché en permanence sur le visage, il garde une attitude très positive à l'égard de sa guérison en toutes circonstances.
Dans le cadre du projet de réadaptation, HI forme également les aidants, comme les parents ou les membres de la famille, afin de les guider et de leur donner les techniques à pratiquer, en leur expliquant à la fois comment faire et pourquoi. La plupart des membres de la famille d'Abdellatif vit à l'extérieur de l'hôpital, dans le camp de réfugiés d’Ambelia, près de la ville d’Adré. Son père, Bakhit, reste avec son fils et a même trouvé un emploi à l’hôpital pour être près de lui.
Avant sa blessure, Abdellatif allait à l’école et apprenait l’électricité après l’école dans un garage avec un tuteur. Il aimait aussi jouer avec ses amis. Depuis qu’il est à l’hôpital, il passe beaucoup de temps à dessiner. Ses jeunes frères viennent lui rendre visite depuis le camp de réfugiés, l’aident à monter dans son fauteuil roulant et à sortir de la tente de l’hôpital où il passe la plupart de son temps. Dans l'hôpital, tout le monde l'appelle "Patron" et il sourit et plaisante avec les équipes de soignants et les autres patients ! Abdellatif dit surtout qu'il veut pouvoir se remettre debout et reprendre ses études, son père espère de tout cœur qu’il pourra remarcher.
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