Go to main content

Au Niger, Roumanatou veut devenir un modèle pour les autres

partager

Inclusion | Niger | PUBLIÉ LE 23 juin 2023
Portrait de Roumanatou qui sourit.

Roumanatou a confiance en l’avenir : elle deviendra un modèle de réussite. Maradi, Niger. | © J. Labeur / HI

À 21 ans, Roumanatou se sent confiante en l’avenir. Avec le soutien de HI, elle étudie assidûment pour devenir une femme forte et indépendante.

Alors qu’elle avait à peine un an, Roumanatou a mal réagi à un traitement médical mal administré ; ses membres inférieurs sont depuis lors restés paralysés. Grâce au soutien d’un homme, leader handicapé de sa communauté, Roumanatou a été inscrite à l’école. La jeune fille progresse avec application et enthousiasme ; elle est aujourd’hui en 4ème. HI lui a fourni un tricycle pour qu’elle puisse se déplacer en autonomie, ainsi que des fournitures scolaires. 

Le soutien d’une figure paternelle

Roumanatou chez elle, à Maradi, au Niger. © J. Labeur / HIPetite, Roumanatou apprend à se déplacer en rampant sur le ventre, puis à tirer sur son bassin en prenant appui sur ses bras. Mais la vie quotidienne n’est pas facile pour elle et pour ses parents. Son père, marabout de son vivant, avait une école coranique et était plutôt réfractaire à l’idée de scolariser sa fille. La chance de sa vie, Roumanatou la voit arriver en 2013 lorsqu’elle rencontre Abdrahmane Zahadi, ex-président de la Fédération régionale des personnes handicapées de Maradi, lui-même handicapé locomoteur.

« J’ai la chance d’aller à l’école grâce Abdrahmane Zahadi. Il était parvenu à convaincre mon père de m’inscrire à l’école malgré toute sa réticence, car ce dernier pensait que je devais aller à l’école coranique comme mes frères. Je suis très reconnaissante envers ce second père, que je n’oublierai jamais. Aujourd’hui encore, chaque semestre, je lui présente mes bulletins de notes, et Dieu merci, j’obtiens toujours les meilleurs résultats. »

Malgré son âge – Roumanatou a alors 10 ans – le directeur de l’école du quartier accepte de l’inscrire au CP. La fillette aime aller en classe et fait de rapides progrès. Pour la soutenir dans ses études, HI lui fournit des manuels de français, de mathématiques et de physique, des fournitures scolaires et des habits. L’association organise également des séances de sensibilisation au handicap et aux droits des personnes handicapées dans son école.

Être une femme combative et autonome

Roumanatou dans le tricycle qui lui a été donné par HI. © J. Labeur / HIPour lui permettre d’être mobile et plus autonome, HI a fourni un tricycle à Roumanatou et l’a déjà renouvelé une fois. La jeune femme s’en sert pour aller à l’école ou retrouver ses amis, même si les voies sablonneuses du quartier lui compliquent parfois la vie. Pas découragée pour autant, elle demande de l’aide à d’autres personnes pour pouvoir avancer. Car Roumanatou sait jouer collectif.

« J’ai rencontré de nombreux obstacles dans ma vie et le manque de confiance en moi n’était pas le moindre. Mais aujourd’hui, grâce notamment aux sensibilisations, je pense être en mesure de me battre pour ma dignité d’être humain et réclamer les mêmes droits que les autres enfants. Je veux aussi défendre celles et ceux qui n’ont pas eu la chance que j’ai eue. »

Pour Roumanatou, l’éducation est la meilleure voie pour s’émanciper et devenir autonome. « J’ambitionne d’avoir un travail décent, qui me permette de subvenir aux besoins de ma maman ainsi que de mes frères et sœurs. Je n’envisage pas une filière en particulier, pourvu que je puisse exercer un métier et participer au développement de mon pays. » Mais plus encore que l’envie de servir son pays, c’est l’envie d’être un modèle pour les autres personnes handicapées qui anime Roumanatou.

« Mon plus grand rêve : être une femme combative et autonome. Un jour, j’aimerais être à la tête d’une grande entreprise dans laquelle je pourrai assurer la formation de tous les jeunes handicapés qui le désirent, afin que tous et toutes aient une chance de s’épanouir et de prospérer. »


Le projet d’éducation inclusive de HI à Maradi est financé grâce au soutien du ministère des Affaires étrangères du Luxembourg, du NORAD et de l’Unicef. Depuis son lancement en 2017, il a permis de doter plus de 80 écoles en matériel pédagogique et didactique adapté, d’identifier près de 5 000 enfants handicapés pour un accompagnement personnalisé et de former près de 600 enseignants en éducation inclusive, langue des signes et braille. Par ailleurs, 380 parents ont été informés sur la surdité et initiés à la langue des signes et près de 50 000 parents et membres de la communauté ont été sensibilisés et formés au handicap et à l’éducation inclusive. De plus, 260 acteurs des services publics et du monde professionnel ont été sensibilisés à l’accueil des personnes handicapées. Enfin, 35 conseillers pédagogiques ont été formés et 80 jeunes handicapés ont bénéficié d’une formation professionnelle adaptée.

Plus d'actualités