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3 mois après le séisme : HI aide les enfants syriens à surmonter leurs traumatismes

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Santé | Urgence | Syrie | PUBLIÉ LE 5 mai 2023
Un petit enfant syrien fait un dessin sur lequel on voit une maison et un soleil

Mohammed, 12 ans, dessine pendant une séance de soutien psychologique dans l’établissement partenaire de HI, à Idlib. | © HI

Ils s’appellent Mohammed, Taim, Hosain… Les partenaires de HI apportent un soutien psychologique à ces petits rescapés du séisme meurtrier qui a frappé dans le Nord-Ouest de la Syrie.

Des blessures invisibles

Lorsqu’on lui demande comment il va, Mohammed, 12 ans, répond tout sourire « Tamam, tamam », « ça va, ça va ». La plaie sur son crâne a cicatrisé et il lui reste six séances de rééducation pour soigner complètement sa jambe cassée.

« J’arrive déjà à jouer au football avec mes copains malgré mes béquilles, mais maintenant ce que je veux c’est apprendre à nager ! », promet-il.

Mohammed est l’aîné d’une fratrie de trois enfants, tous sains et saufs. Ils ont pu s’enfuir avant que l’appartement dans lequel ils vivaient ne s’effondre violemment. Depuis, Mohammed et sa famille ont trouvé un autre appartement dans lequel s’installer et il a pu retourner à l’école :

« Moi, j’adore étudier, mes matières préférées sont la géographie et l’histoire. »

Certaines blessures sont moins visibles. Pourtant les traumatismes sont profondément ancrés dans la tête de ces enfants.

« Je n’arrive pas à m’endormir la nuit car je fais des cauchemars, j’entends encore les bruits du tremblement de terre, et j’ai vraiment très peur », confie Mohammed.

Les troubles du sommeil font partie des symptômes récurrents chez ces petits rescapés du séisme, explique Ammad, l’un des psychologues du centre hospitalier : « Ces enfants sont envahis par des flashbacks répétés et des cauchemars récurrents ce qui les empêche de dormir sereinement ».

Musique, jeux, dessin… Des activités récréatives pour apaiser l’anxiété

« Baba, Baba », « papa, papa », répète le petit Hosain. Il était en visite chez sa tante avec sa maman et ses frères et sœurs dans un petit village proche d’Idlib quand le séisme a eu lieu. Hosain est resté coincé trois jours sous les décombres, tous ses proches présents avec lui ce jour-là sont décédés.

« J’étais chez ma tante et puis quand je me suis réveillé j’étais avec papa à l’hôpital », explique-t-il avec ses mots d’enfant.

Alors que Hosain court partout, réclame un jouet ou son téléphone portable, son père confie qu’il n’y a pas un jour sans qu’il réclame sa maman et lui demande s’il se souvient de moments que l’on a passé tous ensemble.

« En plus d’un profond sentiment de tristesse et de peur, on observe chez ces enfants des troubles de l’humeur et de la concentration ainsi qu’une perte d’intérêt pour les activités du quotidien », détaille Ammad, qui propose des séances de soutien psychologique à Hosain.

Après chaque séance de réadaptation (Hosain a dû être amputé du pied gauche à la suite du tremblement de terre) dans ce centre hospitalier partenaire de HI, le petit garçon retrouve le psychologue : « Je lui mets de la musique douce et lui propose de dessiner ou de danser, je lui raconte de belles histoires en plus de diverses activités récréatives. »

« Nous restons vigilants »

Ce que Taim préfère, lui, c’est le dessin. Sa main droite a été cassée pendant le séisme, mais heureusement il peut continuer à manier ses feutres et ses crayons. Taim et sa famille se trouvaient chez des proches en Turquie lorsque la terre a tremblé… Ils sont partis à six, seuls deux d’entre eux sont revenus vivants en Syrie. Taim et sa maman – grièvement blessée - vivent désormais chez leur grand-mère.

Les équipes partenaires de HI en charge de la santé mentale et du soutien psycho-social sont unanimes : ces enfants sont particulièrement résilients après la tragédie, ils semblent se reconstruire plus rapidement que les adultes et les personnes âgées. Mais cela varie d’un enfant à l’autre et de l’environnement qui l’entoure : « Nous restons vigilants car les enfants sont les plus vulnérables et parfois leurs sentiments sont ignorés, mis de côté », conclu Ammad.

Depuis le mois de février dernier, HI et ses partenaires ont proposé 9 724 consultations de soutien psychosocial et en santé mentale. Environ ¼ des bénéficiaires sont des enfants.

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