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Réduction de la violence armée | Urgence | Ukraine | PUBLIÉ LE 30 mai 2023
Anita, agent HI EORE, prend la parole lors d'une session d'éducation aux risques avec des personnes déplacées dans la région de Poltava.

Anita, agent HI EORE, lors d'une session avec des personnes déplacées dans la région de Poltava. | © HI

Olga Savchenko, chef de projet Éducation aux risques des engins explosifs et Kaitlin Odge, spécialiste Réduction de la violence armée en Ukraine, expliquent comment HI sensibilise la population aux dangers liés aux engins explosifs et aux bombardements.

Quel est l’ampleur du danger que représentent les armes explosives en Ukraine ?

Kaitlin Hodge : Selon les Nations Unies, plus de 20 000 personnes ont été blessées ou tuées par l'utilisation d'armes explosives en Ukraine depuis février 2022, dont près de 800 civils.

Depuis février 2022, on constate une escalade de la violence et des bombardements touchent pratiquement toutes les régions de l’Ukraine. Les armes utilisées lors des frappes aériennes sont de plus en plus sophistiquées et seront donc plus difficiles à éliminer. Ces restes d’engins explosifs s’ajoutent aux très nombreuses mines et autres types de munitions explosives, comme des obus ou des roquettes, abandonnées dans les zones contestées depuis le début de la guerre en Ukraine, c’est-à-dire en 2014.

Au total, environ 160 000 kilomètres carrés de terres ont été le théâtre de combats. Cela correspond à la moitié de l'Allemagne. Si cette zone était entièrement contaminée, l'Ukraine serait le pays le plus contaminé au monde en termes de superficie.

Quel soutien apporte HI à la population ukrainienne en matière d’éducation aux risques ? Pendant combien de temps ce soutien sera-t-il nécessaire ?  

Kaitlin Hodge : L’aide de HI se concentre sur des actions de prévention pour préparer les civils à la violence armée, mais également expliquer les dangers liés aux restes d’engins explosifs : comment reconnaître les zones dangereuses et comment réagir dans ces zones, quel équipement mettre dans un sac à main, comment évacuer un bâtiment, comment aider les personnes handicapées qui ne peuvent pas se mettre seules à l'abri...

Olga Savchenko : Nous travaillons avec des adultes et des enfants, victimes du conflit, des personnes déplacées ou rapatriées dans leur lieu de résidence. C'est particulièrement dangereux pour ces dernières, car elles n'étaient pas présentes pendant les combats, ne savent pas où les militaires étaient stationnés et quelles sont les zones qu'ils doivent désormais éviter en raison de la présence d’engins explosifs.

Kaitlin Hodge : La population ukrainienne aura besoin d’être aidée pendant plusieurs dizaines d’années, au moins. Le Cambodge, par exemple, théâtre de la guerre dans les années 70 et 80 est toujours contaminé par des restes d’engins explosifs aujourd’hui.

Les civils doivent réapprendre à vivre alors que leur territoire est contaminé. Comment, un agriculteur, par exemple, va pouvoir continuer à cultiver son champ et assurer sa subsistance en toute sécurité ?  

Quels sont les principaux défis pour une organisation humanitaire comme HI sur le terrain ?

Olga Savchenko : L'un de nos principaux défis est de sensibiliser un maximum de personnes, y compris dans les zones où des combats sont toujours en cours et donc non accessibles pour des raisons de sécurité. C’est pour cela que nous avons mis en place des formations en ligne. Elles permettent aux personnes vivant à proximité des zones de combat, auxquelles nous ne pouvons pas forcément accéder, de pouvoir bénéficier de ces formations, car cela est d’autant plus important dans ces zones.

Comme le conflit est toujours en cours, nous devons faire preuve d'une grande souplesse dans la planification de nos activités et adapter en permanence nos formations.

À quoi ressemble la vie quotidienne des Ukrainiens alors qu’ils entrent dans leur deuxième année de guerre ?

Olga Savchenko : Ils essaient de mener une vie normale, bien que la guerre affecte tous les aspects de leur vie quotidienne. De nombreux enfants ne peuvent pas aller à l'école parce qu'il n'y a pas de sous-sol adapté à un abri anti-aérien. Comme les attaques peuvent survenir à tout moment et qu'il y a souvent des problèmes d'électricité par la suite, les gens ne peuvent pas utiliser les ascenseurs.

Chaque déplacement prend beaucoup plus de temps : avant la guerre, on pouvait se rendre dans des villes polonaises par avion en 2 heures, alors qu'aujourd'hui il faut 20 heures de train rien que pour atteindre la frontière polonaise.

Enfin, de nombreuses familles se trouvent toujours dans une situation exceptionnelle. De nombreuses femmes et enfants ont fui à l'étranger. Les hommes et les pères, dont la plupart avaient un autre emploi, sont maintenant dans l'armée. Une fois la guerre terminée, il sera très difficile de réunir les familles, de reconstruire les maisons, mais aussi de reconstruire le « vivre ensemble ».

Kaitlin Hodge : Aussi résilients que soient les Ukrainiens, on ne peut nier l’impact psychologique que la guerre a sur eux ; ils sont soumis à un stress permanent depuis plus d'un an. C'est l'une des raisons pour lesquelles HI propose également un soutien psychosocial dans le cadre de séances de groupe et individuelles. Les besoins sont très, très importants.

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