partager
Bénédicta Aloakinnou, présidente de la Fondation des jeunes Amazones pour le développement (FJAD), l'Ambassadrice Delphine O., Secrétaire Générale de la Conférence, Sophie Pecourt, Humanité & Inclusion, et Caroline Mveng, présidente du Réseau des jeunes f | Credit: Pelascini@CSUD
À l’occasion de la 4ème Conférence ministérielle des diplomaties féministes, organisée à Paris les 22 et 23 octobre 2025, Handicap International (HI) a porté un message clair : une diplomatie féministe ne peut être réellement ambitieuse que si elle inclut toutes les femmes.
Une diplomatie féministe ne peut être réellement ambitieuse que si elle inclut toutes les femmes, y compris celles en situation de handicap. Alors qu’une femme sur cinq dans le monde vit avec un handicap, leur inclusion reste trop souvent négligée dans les politiques étrangères féministes.
Les politiques étrangères féministes (PEF) ont pour ambition de placer l’égalité entre les femmes et les hommes, les droits humains et la participation de toutes les femmes au cœur de l’action extérieure des États — qu’il s’agisse de diplomatie, de développement, de commerce ou de défense. Ces politiques reconnaissent le rôle essentiel des organisations de la société civile et des défenseuses des droits des femmes dans leur diversité.
Pourtant, dans la pratique, les femmes et filles handicapées demeurent largement invisibilisées. Elles représentent pourtant 20 % de la population féminine mondiale : une minorité nombreuse, mais trop souvent oubliée.
Lors de la Conférence de Paris, Handicap International a rappelé que l’inclusion des femmes handicapées n’est pas une option, mais une condition essentielle d’une égalité véritable. Pour que la diplomatie féministe devienne une réalité politique et transformatrice, les engagements pris dans la Déclaration Politique signée par 31 pays doivent désormais se traduire en politiques publiques, en financements ciblés et en mécanismes de suivi concrets.
Parce que les diplomaties féministes ne peuvent se limiter à des déclarations de principe, Handicap International a déployé son plaidoyer sur plusieurs fronts :
Aux Dialogues Féministes de la Société Civile, organisés le 21 octobre par un collectif d’Organisations de la Société Civile et accueilli par l’Agence Française de Développement (AFD) sous le titre « Avec nous – Pour toustes ». Ces échanges ont réuni des actrices du monde entier autour de quatre grands enjeux : repenser la diplomatie féministe comme levier de transformation globale, faire le lien entre les justices économique, sociale, climatique et de genre, renforcer les droits sexuels et reproductifs, et lutter contre les violences basées sur le genre.
À l’Assemblée nationale, lors de l’événement « Pérenniser notre diplomatie féministe : garantir les droits, soutenir la société civile », où Sophie Pécourt, représentante de HI, a rappelé les menaces que les femmes handicapées subissent à double titre de la part des mouvements anti-droits, qui s’attaquent simultanément aux droits des femmes et à ceux des personnes handicapées.
Dans ces espaces, HI a défendu l’idée qu’une diplomatie féministe véritablement inclusive doit écouter et intégrer les voix des femmes handicapées, partout où se décident les politiques d’égalité, de développement et de paix.
Santé et droits sexuels et reproductifs : le combat continue
En Ouganda, la situation des femmes handicapées est alarmante, et l’accès aux droits et à la santé sexuels et reproductifs n’existe que sur le papier. Winifred Namukwaya, vice-présidente de Disabled Women in Africa, a livré un témoignage sans détour par une intervention vidéo partagée lors Dialogues Féministes :
« Dans notre étude Échos d’espoir, soutenue par HI, certaines femmes ont raconté avoir été attachées à leur lit d’hôpital, ou contraintes à la contraception et à la stérilisation, parfois à la demande de leur famille et avec l’accord de médecins. »
Ces pratiques, contraires aux droits humains, rappellent l’urgence de rendre l’inclusion effective dans le domaine de la santé et des droits sexuels et reproductifs. Comme l’a souligné Winifred Namukwaya, « l’inclusion n’est pas seulement un mot, elle doit être intentionnelle. »
Les conséquences du changement climatique touchent de manière disproportionnée les femmes en situation de handicap. Pourtant, elles jouent un rôle crucial dans les stratégies d’adaptation.
Fridah Wawira Nyaga, directrice exécutive de Coalition on Violence Against Women (COVAW Kenya), l’a rappelé dans son intervention lors de la Table Ronde dédiée à la justice climatique :
« Les femmes handicapées sont parmi les plus touchées par le changement climatique, mais elles ont aussi développé une expertise précieuse en matière de résilience. Il est donc essentiel de les inclure dans les politiques climatiques, non comme bénéficiaires, mais comme actrices du changement. »
Ce message rejoint la conviction de HI : l’inclusion n’est certainement pas un acte de charité, mais au contraire une nécessité stratégique pour construire un avenir juste, durable et résilient.
Depuis le Sénégal, Dieynaba Diallo, vice-présidente de WILDAF Sénégal (Women in Law and Development in Africa), a rappelé que la participation politique des femmes handicapées est un enjeu démocratique majeur :
« L’inclusion n’est pas une option, c’est une obligation. »
Sans représentation dans les espaces décisionnels, les femmes handicapées restent exclues des politiques qui les concernent directement. Le plaidoyer de HI vise donc à renforcer leur leadership et à soutenir les organisations dirigées par des femmes handicapées dans les sphères nationales et internationales.
Les femmes handicapées représentent une femme sur cinq dans le monde. Cette donnée, souvent ignorée, souligne l’ampleur des inégalités persistantes.
À Paris, Sophie Pécourt a alerté sur la montée des mouvements hostiles aux droits humains :
« Les femmes handicapées subissent une double menace : celle des attaques contre les droits des femmes, et celle contre les droits des personnes handicapées. »
Face à ces reculs, HI appelle à une solidarité internationale renforcée, fondée sur la reconnaissance de toutes les formes de discriminations croisées — liées entre autres au genre, au handicap, à la pauvreté ou à l’orientation sexuelle — et sur des réponses concrètes et inclusives.
La Conférence ministérielle des diplomaties féministes de Paris s’inscrit dans la continuité de celles organisées en Allemagne, aux Pays-Bas et au Mexique. Elle a rassemblé les États engagés pour faire progresser l’égalité de genre sur la scène internationale.
Pour HI, cette rencontre marque une étape importante d’un plaidoyer de longue haleine. L’organisation poursuivra son action pour que les voix des femmes et des filles handicapées soient entendues, reconnues et intégrées dans toutes les politiques d’égalité, de développement, de paix et de justice climatique.
« Pour que la diplomatie féministe devienne une réalité, les engagements pris à Paris doivent désormais se traduire en actions. L’inclusion doit devenir une pratique institutionnelle, pas seulement une intention politique. »
Une diplomatie féministe inclusive n’est pas seulement une question d’équité : c’est une condition de réussite des politiques internationales. Les États qui se revendiquent féministes doivent montrer l’exemple en finançant des programmes inclusifs, en soutenant la société civile et en intégrant systématiquement le handicap dans leurs politiques de coopération.
Handicap International appelle à bâtir une diplomatie féministe transformatrice, capable de reconnaître la diversité des femmes et d’agir en faveur de toutes, sans exception.
Parce qu’il n’y a pas de diplomatie féministe quand une femme sur cinq est ignorée.
HI est une organisation de solidarité internationale indépendante et impartiale, qui intervient dans les situations de pauvreté et d’exclusion, de conflits et de catastrophes. Œuvrant aux côtés des personnes handicapées et des populations vulnérables, elle agit et témoigne, pour répondre à leurs besoins essentiels, pour améliorer leurs conditions de vie et promouvoir le respect de leur dignité et de leurs droits fondamentaux.
Là où sévissent les conflits, les catastrophes naturelles, la pauvreté et l’exclusion, nous travaillons aux côtés des personnes handicapées et des populations vulnérables pour améliorer leurs conditions de vie.