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Reiza Dejito, mère, humanitaire et engagée pour HI au Népal

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Droits | Urgence | Népal | PUBLIÉ LE 8 mars 2021

©PBDN

A l’occasion de la journée internationale des droits de la femme, portrait de Reiza Dejito, mère, femme forte, engagée pour HI, qui travaille depuis 20 ans dans des pays touchés par des crises humanitaires.

Comment as-tu décidé de rejoindre HI ?

Diplômée en sciences et kinésithérapie ainsi qu’en enseignement (et plus tard en gestion), j’ai réalisé plusieurs missions de bénévolat aux Philippines (mon pays natal) et en Ethiopie. J’ai ensuite rejoint HI, trois mois après avoir quitté l’Ethiopie, pour devenir chef de projet assistance aux victimes au Soudan du Sud, à Bor. Depuis, j’ai travaillé au Kenya, au Bangladesh, aux Philippines et maintenant au Népal.

 

Une expérience particulièrement marquante ?

Avoir travaillé avec les réfugiés rohingyas au Bangladesh. Ces gens ont tant souffert. Une femme me racontait avoir assisté à l’assassinat de son mari et à l’incendie de leur propre maison. Un enfant de 9 ans, blessé au bras par une balle lors d’un affrontement, me confiait qu’il avait pardonné à l’agresseur qui s’était trompé de cible. Ces hommes, femmes, enfants, qui ont marché pendant des jours et des jours pour traverser la frontière, avec peu de vivres et d’eau... Terrible
Autre souvenir : directrice aux Philippines, j’ai rejoint l’équipe urgence pour aider les victimes du super typhon Goni. J’ai vraiment été marquée par la résilience et la générosité des Philippins. Et par l’engagement de mon équipe et des associations partenaires qui voulaient apporter de l’aide à ceux qui en avaient le plus besoin.

 

Le plus difficile dans ta fonction ?

En tant que directrice de programme, je dois assurer la sécurité et la protection de mes équipes. Qu’ils soient sains et saufs, et en bonne santé, malgré les situations d’urgence, les crises, les conflits. En 2016, j’ai dû gérer l’évacuation des équipes de HI au Soudan du Sud, suite à une série d’affrontements meurtriers entre des groupes armés. Ce fut l’expérience la plus éprouvante de ma carrière.

 

Ce qui est essentiel pour travailler avec ton équipe?

La confiance. La transparence. L’empathie. Et pouvoir rire ensemble.

 

Humanitaire et mère à temps plein : comment assures-tu cet équilibre ?

Pour de nombreuses femmes, obtenir cet équilibre est un immense challenge, qui les empêche d’ailleurs souvent d’accéder à des fonctions avec plus de responsabilités. J’ai énormément de chance d’avoir une famille soutenante et un mari qui s’occupe de nos enfants quand je travaille. Grâce à leur soutien, je peux occuper la fonction que j’ai. Ma famille est ma plus grande motivation, cela m’inspire énormément pour m’améliorer chaque jour.

 

Un challenge concernant l’équité homme-femme dans le secteur humanitaire ?

Personnellement, j’ai eu la chance de travailler avec certains collègues et  responsables d’équipe masculins qui soutenaient le ‘leadership’ des femmes. Mais si les femmes sont très nombreuses à travailler dans le secteur humanitaire, elles sont encore trop souvent sous-représentées dans des fonctions à haute responsabilité. De nombreux progrès ont été réalisés au sein des organisations, mais ce n’est pas suffisant. Il y a encore énormément de travail à accomplir pour plus d’équité. Et ce n’est pas un chantier évident, puisque ces inégalités sont liées à de profondes discriminations inscrites dans les domaines culturels, sociaux, financiers et politiques depuis des générations. Il ne s’agit pas uniquement de favoriser l’autonomie des femmes et de défendre leurs droits, il faut aussi changer les cultures d’entreprises. Les hommes ont eux-aussi un rôle à jouer à ce niveau-là. J’aspire à ce que les femmes puissent avoir accès aux fonctions à responsabilité, comme les hommes. Je me dis qu’on va y arriver… lentement, mais sûrement.

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