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Noor, marcher pour réapprendre à vivre

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Réadaptation | Urgence | Syrie | PUBLIÉ LE 19 avril 2024
Noor lors d’une séance de réadaptation, elle pousse sur une petite voiture jaune en souriant dans l’hôpital Aqrabat, partenaire de HI dans le Nord-Ouest de la Syrie.

Noor lors d’une séance de réadaptation, dans l’hôpital Aqrabat, partenaire de HI dans le Nord-Ouest de la Syrie. | © A. Rahhal / HI

Noor, 3 ans, fait partie des survivants du séisme qui a frappé la Turquie et le nord-ouest de la Syrie en février 2023. HI accompagne cette petite fille pleine de vie sur le chemin de la résilience.

Noor tire le bras de sa kinésithérapeute pour l’emmener dans la salle de rééducation. Elle marche, tombe, pousse sur ses bras et se relève, court, tombe encore et se relève. Encore. « Depuis qu’elle peut de nouveau marcher, Noor est inarrêtable », confie sa belle-mère.

La petite fille avance si vite parfois, qu’on pourrait oublier qu’une de ses jambes est faite de silicone et d’aluminium et de résine. Ses baskets violettes à scratch foulent le carrelage et résonnent dans les couloirs de l’hôpital Aqrabat, partenaire de HI dans le Nord-Ouest syrien, où elle a été admise pour la première fois en février 2023.

« Quand elle est entrée à l’hôpital son état était si grave, que nous n’avions que très peu d’espoir… nous pensions qu’elle ne s’en sortirait pas », se souvient sa belle-mère.

Accepter les soins

La petite Syrienne a été secourue in extremis des décombres de sa maison. Noor présentait des blessures très importantes sur l’ensemble du corps, elle a dû être amputée d’une partie de la jambe droite. Les équipes médicales de l’hôpital Aqrabat, décrivent une petite fille qui était « traumatisée », dans un état psychologique « déplorable », qui ne tolérait aucun adulte à ses côtés. Les partenaires de HI ont d’abord fait en sorte de lui proposer un protocole de soins complet alliant soutien psychologique et réadaptation. L’objectif principal était que Noor se sente mieux psychologiquement.

Retrouver le sourire

À partir du moment où elle a accepté les soins, kinésithérapeutes, médecins et psychologues ont pu commencer très lentement les exercices de rééducation, accompagnés d’activités récréatives. Fatima, la kinésithérapeute, qui la suit depuis son entrée à l’hôpital il y a plus d’un an, raconte :

« Petit à petit Noor a accepté notre présence, et même plus, c’est comme si on faisait partie de sa famille puisque nous venions la voir tous les jours, plusieurs fois… Nous passions beaucoup de temps ensemble, à tel point que la petite nous réclamait. Noor a beaucoup changé pendant cette période… Elle a commencé lentement à sortir de sa torpeur, et elle a recommencé à sourire, et c’est ce que nous voulions. »

Objectif : marcher !

Après une longue convalescence Noor a pu rentrer vivre dans sa belle-famille. « Mais il lui manquait encore quelque chose », témoigne sa belle-mère :

« Noor passait ses journées assises, là, sous la tente. Elle voyait les autres enfants sortir, jouer et elle, elle était bloquée ici car elle avait de trop grandes difficultés pour se déplacer, ce qui la frustrait énormément. »

Pour Fatima, sa kinésithérapeute, l’objectif était effectivement que Noor puisse remarcher au plus vite. Cela pris beaucoup de temps, car il fallait d’abord que les plaies sur sa jambe cicatrisent correctement :

« Cela fait désormais un peu plus d’un an, et ça y est : Noor marche et son membre amputé a très bien cicatrisé. Nous avons pris ses mesures et lui avons installé la première prothèse puis nous avons tenté de l’entraîner en employant diverses méthodes : avec des activités, des divertissements, en lui montrant aussi comment faisaient les autres enfants. Nous avons tout tenté pour obtenir de bons résultats. »

Sa belle-mère se souvient des premiers pas de Noor, avec sa prothèse. C’est tout un foyer qui a repris son souffle avec elle. Noor a été couverte de bonbons, de fleurs, et une grande fête a même été célébrée en son honneur.

Noor a toujours rendez-vous au centre de réadaptation de l’hôpital Aqrabat, partenaire de HI dans le Nord-Ouest syrien, plusieurs fois par mois. Et à chaque fois Fatima peut mesurer les progrès faits par la petite fille :

« Sa vie a complètement changé. Imaginez ce qu’elle a traversé depuis un an. Même son père nous raconte qu’à la maison, Noor joue, fait des blagues, et est particulièrement active. C’est comme si elle avait pu accepter la catastrophe qu’elle a vécu et se permettre d’avancer. »

Pour les partenaires de HI, l’histoire de Noor a permis de renforcer le sens de leur engagement quotidien auprès de toutes les personnes handicapées, ou ayant subi un choc traumatique important. Être à leur côté jusqu’à ce que leur état s’améliore reste une priorité.

« Avec Noor, nous avons travaillé sans jamais perdre espoir, en gardant nos objectifs en tête. C’est avec une grande fierté que je vois aujourd’hui qu’ils se sont réalisés », conclut Fatima.

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