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Le rire de Massalouka, une victoire contre la malnutrition

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Réadaptation | Niger | PUBLIÉ LE 16 mai 2023
Portrait de Massalouka souriant à la caméra.

Massalouka, deux ans et demi, lors d’une séance de thérapie de stimulation à Bakwassa, au Niger. | © J. Labeur / HI

À cause d’une faiblesse musculaire due à la malnutrition, Massalouka, deux ans et demi, ne pouvait pas s’asseoir toute seule. Grâce au soutien en réadaptation de HI, ses progrès sont stupéfiants.

Le sourire de Massalouka illumine toute la pièce alors qu’elle attrape le jouet que lui tend le kinésithérapeute de HI. Une véritable victoire pour cette petite fille de deux ans et demi, qui a souffert de malnutrition et qui en subit aujourd’hui encore les conséquences à travers des retards de développement. HI l’accompagne grâce à des séances individuelles de thérapie de stimulation, des soins en réadaptation pour enfants malnutris fondés sur le jeu menés par des professionnels de la réadaptation.

Les conséquences terribles de la malnutrition

Massalouka essaye d’attraper son jouet lors d’une séance de thérapie de stimulation. © J. Labeur / HIMassalouka vient d’une famille nombreuse : elle a trois frères germains et quinze demi-frères et demi-sœurs. Sa mère, Manssoura Larwane, la serre fort dans ses bras tandis qu’elle se rappelle comment tout a commencé.

« Alors qu’elle n’avait que six mois, Massalouka a contracté une forme sévère de paludisme, suivie d’une très forte diarrhée qui l’a complètement déshydratée. Dans les jours qui ont suivi, j’ai constaté qu’elle perdait de l’énergie et que cela affectait son développement psychomoteur, » explique Manssoura, qui frissonne encore à cette évocation.

Peu à peu, la petite fille prend du retard sur les autres enfants et cela inquiète au plus haut point ses parents. À cause de sa faiblesse musculaire, elle ne parvient pas à attraper des objets ni à se retourner toute seule.

Le quotidien bouleversé de la famille

Massalouka lors d’une séance de thérapie de stimulation. © J. Labeur / HILes parents de Massalouka sont effondrés. En plus du souci constant qu’ils se font pour leur fille, leur quotidien se transforme progressivement. La vie de la famille tout entière est tournée vers Massalouka.

Le matin, c’est au tour de son père de s’occuper de Massalouka. Inquiet pour sa fille, il arrive en retard aux champs ou à l’établi où il vend des snacks et passe ses journées à penser à elle, délaissant ses cultures ou ses clients et se dépêchant de rentrer à la maison le soir. Alors, quand Manssoura entend parler des sessions de thérapie de stimulation pour enfants malnutris de HI, elle saute sur l’occasion.

« C’est ma voisine qui m’a parlé de la thérapie de stimulation proposée par HI car elle y avait déjà participé avec son fils. Grâce à ce soutien, ce dernier pouvait enfin s’asseoir tout seul. Alors quand elle m’a proposé de l’accompagner, je n’ai pas hésité. La première chose que j’ai constaté en arrivant c’était qu’il y avait beaucoup d’enfants présents sur place. On entendait des cris et des rires partout, » raconte Manssoura.

La victoire de Massalouka

Manssoura doit marcher plus d’une dizaine de kilomètres avec sa fille dans son dos pour se rendre au centre de santé où HI intervient. Cela fait quelques mois maintenant qu’elles y assistent ensemble à des séances de thérapie de stimulation et les changements sont spectaculaires ! La petite Massalouka arrive à s’asseoir toute seule et commence à se redresser en essayant d’attraper des objets.

Les équipes de HI ont également enseigné à Manssoura des exercices qu’elle peut reproduire avec sa fille chez elle, pour continuer à la faire travailler à la maison. Des exercices fondés sur le jeu, où Manssoura parle à sa fille en la regardant dans les yeux, ou en lui demandant de compter et de nommer des objets par exemple, amélioreront ses compétences cognitives, communicationnelle ou motrices. Ainsi, petit à petit, Massalouka continue à progresser dans son environnement quotidien. Aujourd’hui Massalouka est une petite fille qui rayonne de gaité.

« Maintenant qu’elle peut rester assise et attraper des objets, Massalouka est beaucoup plus autonome. Quand je la laisse avec ses jouets, elle s’occupe calmement toute seule. Son père peut de nouveau se concentrer sur son travail, ses frères sur leurs activités et moi j’ai gagné du temps pour m’occuper de la maison, » se réjouit Manssoura.

Massalouka et sa mère Manssoura. © J. Labeur / HIManssoura n’a qu’un rêve : elle espère de tout cœur que Massalouka pourra un jour jouer avec les autres enfants. Il suffit de voir le sourire immense de la fillette et son énergie communicative pour savoir qu’alors, rien ne l’arrêtera !

Le jeu comme outil thérapeutique

La thérapie de stimulation est une activité proposée par HI pour accompagner le développement d’enfants ayant subi les conséquences de la malnutrition. Le jeu y est un outil thérapeutique, qui permet aux kinésithérapeutes de stimuler l’intérêt des enfants et de les pousser à réaliser certains mouvements bénéfiques pour leur développement physique et psychomoteur.

La zone de Maradi, pourtant capitale économique du Niger, est l’une des plus touchées par la malnutrition. Les causes y sont variées, de la prise en charge inadéquate ou tardive des enfants lorsqu’ils tombent malades à une méconnaissance des bonnes pratiques alimentaires et des qualités nutritives des aliments. Enfin, les conséquences du changement climatique y jouent également un rôle, à travers des épisodes de sécheresse ou d’inondation qui détruisent parfois les cultures et entraînent de mauvaises récoltes.

HI mène depuis 2022 un projet de réadaptation et de thérapie de stimulation pour enfants malnutris dans la région de Maradi, projet qui se poursuivra jusqu’en 2026. Depuis le lancement des activités, HI a accompagné plus de 1 300 enfants en séances collectives et individuelles, doté 30 espaces de santé en matériel adapté, formé 100 professionnels de santé et sensibilisé plus de 2 800 parents. À terme, ce seront 30 000 enfants qui bénéficieront de soins de réadaptation adaptés à leurs besoins et 60 000 parents qui seront sensibilisés. Ces activités sont rendues possibles grâce au soutien de la DGD.

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