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Crise au Nord-Kivu : des cliniques mobiles pour fournir des soins indispensables

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Santé | Urgence | République démocratique du Congo | PUBLIÉ LE 10 avril 2024
Camp de déplacés internes de Zaina, Sake, Nord-Kivu, République démocratique du Congo.

Camp de déplacés internes de Zaina, Sake, Nord-Kivu, RDC. | © HI

HI déploie des cliniques mobiles dans le Nord-Kivu en RDC afin de renforcer l’accès aux soins de santé et apporter une assistance médicale et psychosociale aux populations déplacées par les conflits.

Une situation sécuritaire et sanitaire alarmante

La province du Nord-Kivu à l’est de RDC connaît un contexte sécuritaire instable depuis plus de 30 ans. On note néanmoins une intensification des combats entre le Mouvement du 23 Mars (M23) et les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) depuis le mois de novembre 2023. Des affrontements réguliers ont lieu notamment dans les territoires de Masisi, de Rutshuru et de Nyiragongo, ce qui entraîne de nouveaux mouvements de populations vers la ville de Goma, capitale de la province. 

L’OIM a observé près de 630 000 mouvements de déplacements individuels dans le Nord-Kivu entre le 29 janvier et le 13 mars 2024 en raison des récents conflits. En mars 2024, on comptait plus de 1,6 millions personnes déplacées en raison de la crise du M23, soit près de 785 000 personnes de plus qu’il y a un an .

Face à l’explosion des nouvelles arrivées, de nouveaux sites informels de déplacés voient le jour. Ces derniers ne disposent pas des infrastructures nécessaires pour assurer des conditions de vie dignes aux populations déplacées. Les sites gérés par les organisations internationales, bien que disposant de certaines infrastructures, n'ont pas la capacité de faire face à cet afflux continu de nouvelles arrivées. 

« Au cours des derniers mois, c’est l’équivalent de villes entières qui se sont déversées dans les camps autour de Goma, où la situation est chaotique. Des ménages de six personnes vivent dans un espace de moins d’un ou deux mètres carrés », témoigne Héritier Djunga, le chef du projet de santé mentale de HI au Nord-Kivu.

Des conditions de vie précaires pour les déplacés

Une pression importante s’exerce sur les services existants, ce qui exacerbe l’ampleur des besoins humanitaires. L’accès à la nourriture, aux abris, à l’eau potable, aux infrastructures sanitaires et soins de santé est contraint pour des centaines de milliers de personnes, du fait de l’existence de barrières physiques ou financières, ainsi que du manque de personnel et d’équipements dans les centres de santé. Les conditions de vie dans les sites de déplacés sont extrêmement précaires et la situation humanitaire est alarmante.

Ce contexte de violence et de déplacements de populations a des conséquences sur la santé physique des personnes, mais également sur leur bien-être et leur santé mentale. HI note qu’en moyenne 75 % des personnes suivies dans le cadre de ses interventions au Nord-Kivu présentent des signes de détresse psychologique. 

« La manifestation de la détresse psychologique est différente selon les personnes : certaines vont somatiser et présenter des signes physiques de leur mal-être, comme des maux de tête, des douleurs ou des insomnies. D’autres adoptent des mécanismes de défense ou présentent des signes de déprime, comme de la fatigue et une tristesse profonde. On compte déjà 4 personnes qui se sont suicidées dans le site de Lac Vert ces dernières semaines », déplore Héritier.

De plus, les personnes handicapées et les personnes blessées font face à des risques exacerbés, car elles peuvent notamment perdre l’accès à leurs équipements, à leurs traitements médicaux et aux services de réadaptation. 

« Les personnes handicapées sont plus vulnérables que les autres. Certains blessés ont perdu leurs aides à la mobilité comme les béquilles, et les besoins en prothèses et orthèses sont énormes. Au moins 95 % des personnes qui suivent des séances de kinésithérapies de HI sont également prises en charge pour un soutien psychosocial », poursuit Héritier.

Déploiement de cliniques mobiles dans le Nord-Kivu

C’est dans ce contexte que HI, en collaboration avec l’ONG Première Urgence Internationale, a mis en place deux cliniques mobiles pour intervenir dans les sites de déplacés, notamment ceux situés à l’ouest de Goma. Cette assistance gratuite, fournie dans les lieux où se sont réfugiées les personnes déplacées, permet de désengorger les structures de santé existantes et de surmonter les barrières physiques et financières d’accès aux soins pour les populations déplacées. 

Ces interventions permettent d’apporter une réponse à des besoins aujourd’hui largement non couverts. Première Urgence Internationale délivre des soins de santé primaire et prend en charge la malnutrition. Les équipes déployées par HI sont composées de psychologues, qui mettent en place des sessions de sensibilisation sur la santé mentale à destination des populations déplacées. Elles assurent une prise en charge psychosociale via des séances de groupes ou individuelles pour les personnes en situation de détresse psychologique. Une équipe de kinésithérapeutes est également déployée afin d’identifier les personnes ayant besoin d’une prise en charge en réadaptation. Celle-ci inclut des séances de kinésithérapie, la fourniture d'aides à la mobilité comme des béquilles ou des cannes, ainsi que des conseils sur leur utilisation pour favoriser l'autonomie des personnes handicapées. 

« La situation au Nord Kivu est dramatique. Les besoins sont énormes et la réponse humanitaire n’est pas encore satisfaisante, faute de moyens financiers pour assister correctement les milliers de personnes déplacées. Nous avons besoin d’une mobilisation à grande échelle », conclut Héritier.


Ces projets de cliniques mobiles ont été rendus possibles grâce aux financements du Centre de crise et de soutien du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères français et de l’Union européenne. Les points de vue et opinions exprimés sont toutefois uniquement ceux de l’auteur ou des auteurs et ne reflètent pas nécessairement ceux du Centre de crise et de soutien du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères français et de l’Union européenne. Ni l’Union européenne, ni le Centre de crise et de soutien du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères français ne peuvent en être tenus responsables.

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