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Au Liban : Aicha, Hoda et Ibtisam aident les populations les plus vulnérables

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Prévention | Liban | PUBLIÉ LE 13 mars 2023
Ibtisam, Aicha et Hoda, trois représentantes des groupes d’usagers du Centre de réadaptation Mousawat

Ibtisam, Aicha et Hoda, trois représentantes des groupes d’usagers du Centre de réadaptation Mousawat | © Fine Line Agency- H.I.

Aicha, Hoda et Ibtisam sont trois des douze représentants de groupes d’usagers au Centre de réadaptation Mousawat, dans la Plaine de la Beqaa au Liban.

Elles expliquent comment cette activité fait la différence pour elles-mêmes et comment elles voient leurs capacités renforcées pour fournir un appui aux populations les plus vulnérables dans les camps de réfugiés.

Le centre de réadaptation Mousawat

Le Centre de réadaptation Mousawat est situé dans la Plaine de la Beqaa au Liban, à une centaine de mètres à peine de camps qui hébergent principalement des réfugiés syriens. La plupart des personnes qui y vivent sont là depuis le début de la crise syrienne, voilà douze ans. Les conditions de vie sont sommaires et la sécurité représente un problème permanent.    

HI travaille en partenariat avec le Centre de réadaptation Mousawat depuis 2017. Les agents de soutien psychosocial collaborent étroitement avec les spécialistes de la réadaptation physique. Chaque semaine, une équipe multidisciplinaire se réunit pour discuter des patients. Les enfants porteurs d’un handicap ont accès à une prise en charge globale, incluant la kinésithérapie, l’ergothérapie, la logopédie et le soutien psychosocial.

HI apporte son expertise, fournit des formations spécifiques aux équipes, ainsi que du matériel et des équipements. L’organisation a également apporté des financements complémentaires pour permettre au centre d’augmenter sa capacité.

En plus de proposer des séances de réadaptation chaque jour, les équipes du centre ont identifié et entrainé des personnes qu’elles ont appelé « les représentants des groupes d’usagers ». Ceux-ci sont des parents (souvent des mères) d’enfants qui viennent au centre pour recevoir un traitement de réadaptation. Ces parents ont décidé de travailler en tant que volontaires pour diffuser des informations et mener des actions de sensibilisation dans les camps de réfugiés des environs.

Trois femmes engagées

Aïcha, Hoda et Ibtisam font partie du groupe de douze représentants formés par le centre Mousawat.  "En tant que représentantes de groupes d’usagers, nous nous sentons encouragées à jouer un rôle dans la société. Cela nous donne de l’énergie.”

Aicha a trente-sept ans. C’est une réfugiée syrienne et la maman de six enfants. Trois de ses enfants (âgés de 12, 14 et 17 ans) ont une infirmité motrice cérébrale. Ils reçoivent tous un traitement de réadaptation physique au Centre Mousawat. Aïcha a entendu parler du centre grâce à un chauffeur de taxi.

Hoda a quarante-neuf ans. Elle vient aussi de Syrie et a sept enfants. Trois des enfants (âgés de 11, 17 et 24 ans) ont une infirmité motrice cérébrale. Ils vont régulièrement au centre pour leur traitement et progressent bien. Hoda est entrée en contact avec le centre par l’intermédiaire de l’équipe de sept personnes de la clinique mobile.

Ibtisam a quarante ans. Mère de trois enfants, elle est une réfugiée palestinienne. En raison d’un manque d’oxygène à la naissance, l’un de ses enfants a lui aussi une infirmité cérébrale. C’est grâce à des femmes de son voisinage qu’Ibtisam a entendu parler du centre Mousawat.

Etre force de changement dans sa communauté

Aicha et Hoda avec deux de leurs enfants après une session de réadaptation au centre Mousawat.Les trois femmes ont participé à de nombreuses séances d’information soit au centre Mousawat, soit dans les camps de réfugiés et qui étaient directement proposées par HI au début de la crise syrienne.  

Ces séances d’information ont eu un impact très positif dans leur vie, les faisant se sentir plus forte en tant que parent d’enfants handicapés et leur donnant les capacités de soutenir d’autres parents et enfants au sein des communautés de réfugiés.

Plus tard, elles ont commencé à organiser elles-mêmes des sessions dans les camps de réfugiés. Aujourd’hui, elles essaient de mener une session par semaine, pour des groupes d’environ dix personnes. Elles couvrent un large éventail de sujets, comme des informations de base sur les handicaps les plus communs, un accent sur les droits des personnes handicapées, une présentation du centre Mousawat, une séance de questions-réponses, etc.

Elles ont commencé à voir une réelle différence dans leur communauté respective dans la façon dont les personnes parlent et réagissent avec les personnes handicapées. Les tabous et le harcèlement ont progressivement fait place à plus de respect et d’inclusion.

La préparation de ces séances de sensibilisation et d’information a représenté une source de motivation importante pour Aïcha, Hoda et Ibtisam, qui sentent maintenant qu’elles ont un rôle à jouer dans la société et qu’elles peuvent avoir un réel impact sur la vie d’autres personnes. Cela leur permet aussi de rencontrer de nouvelle personnes et d’étendre leurs réseaux à l’intérieur des camps.

Espoir pour le futur

Vue d’un camp de réfugiés au Liban, Plaine de la Beqaa (près de la frontière syrienne).En raison des crises multiples qui frappent le Liban à l’heure actuelle, les trois volontaires ne peuvent que constater à quel point la situation dans les camps se détériore mois après mois. Avoir assez de moyens financiers pour vivre représente un défi gigantesque, l’approvisionnement en eau et en électricité n’est plus garanti, la sécurité constitue un problème permanent et le manque de médicaments (et leur prix) ne fait qu’empirer.

Dans ce contexte, elles ont une longue liste de souhaits pour l’avenir.

Aïcha explique : « Nous espérons que le centre Mousawat restera ouvert dans les années qui viennent. Nous aimons tous ce centre, parce qu’il propose tous les services dont nos enfants ont besoin dans un seul endroit. Avant qu’il n’ouvre, c’était un défi de trouver tous les services adaptés et nous n’avions tout simplement pas les moyens de les payer. En plus, ce centre nous donne de l’énergie et un soutien en tant que mères. »

Hoda ajoute : « Mon espoir est qu’une école adaptée ou inclusive s’ouvre qui accepte mes trois enfants atteint d’IMC. Pour le moment, il n’y a aucune école adaptée dans toute la région de la Plaine de la Beqaa. Je n’ai pas d’autre choix que de les garder à la maison toute la journée. Cette situation m’inquiète beaucoup. »

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