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ALERT - Journée Mondiale du Souvenir, la lutte contre l’insécurité routière doit s’intensifier

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Inclusion | Plaidoyer | PUBLIÉ LE 15 novembre 2015

C’est aujourd’hui la Journée Mondiale du Souvenir des victimes d’accidents de la route. Ce 15 novembre revêt une importance particulière pour les victimes qui, à trois jours de la 2nd Conférence de Haut niveau sur la sécurité routière de Brasilia, entendent rappeler au reste du monde que c’est un enjeu majeur de santé publique. [caption id="attachment_568" align="alignleft" width="300"]

Marius LOMBOTO DJOSOLA, licencié en Sciences Infirmières, travaille dans le secteur associatif en République Démocratique du Congo depuis plusieurs années. Il a rejoint l’équipe d’Handicap International en septembre 2014, comme responsable de la sensibilisation et de la recherche puis comme chef du projet sécurité routière./ Marius LOMBOTO DJOSOLA has a Bachelor of Science degree in nursing, and has been working in the NGO sector in the Democratic Republic of Congo for several years. He joined the team of Handicap International in September 2014 as head of Outreach and Research, and then as head of the Road Safety Project.

Marius LOMBOTO DJOSOLA, licencié en Sciences Infirmières, travaille dans le secteur associatif en République Démocratique du Congo depuis plusieurs années. Il a rejoint l’équipe d’Handicap International en septembre 2014, comme responsable de la sensibilisation et de la recherche puis comme chef du projet sécurité routière.[/caption] Nous avons demandé à Marius Lomboto Djosola de nous parler des conséquences de l’insécurité routière, en RDC, et au niveau mondial, et des efforts à déployer pour relever ce défi, encore souvent négligé par les décideurs politiques.

« L’insécurité routière fait de nombreuses victimes au même titre que d’autres grands enjeux de santé publique, mais les pays ont tendance à l’oublier dans le cadre de leurs exercices budgétaires. Même la communauté internationale n’en fait pas une priorité. » Marius Lomboto Djosola

Le nouveau Rapport global sur la sécurité routière de l’Organisation Mondiale de la Santé dresse pourtant un constat inquiétant. Avec seulement la moitié du parc automobile mondial, les pays à faibles revenus totalisent plus de 90% des décès sur la route. La probabilité d’un décès sur les routes en Afrique a augmenté de 3 % en deux ans. En RDC, les accidents et les victimes qu’ils génèrent sont faiblement déclarés, ce qui fausse les estimations.

 «Il n’y pas de système de collecte ni de traitement de données fiable en RDC. La seule source de données à l’heure actuelle est la police de circulation routière qui compte en son sein plusieurs policiers non formés au code de la route et aux mesures dissuasives, ce qui entraine beaucoup de corruption. De plus, elle ne dispose pas du matériel adéquat pour effectuer d’une manière uniforme la collecte et le traitement des données des accidents.»

Pour Marius, les excès de vitesse en agglomération et la faible connaissance du code de la route par la population augmentent les risques. Pour sensibiliser le grand public le programme d’Handicap International va exposer une pyramide de paires de chaussures, symbolisant les tués sur les routes de Kinshasa en 2015. Un message de commémoration sera aussi diffusé aujourd’hui dans les lieux de culte de Kinshasa, pour mobiliser le plus grand nombre. La prévention, la sensibilisation et l’éducation à la sécurité routière sont trois composantes essentielles des projets de sécurité routière d’Handicap International. C’est la pérennité des actions qui est en jeu car la sécurité routière est l’affaire de tous. Dans ce cadre, le travail avec les victimes est fondamental:

 « L’implication des victimes, des personnes handicapées ainsi que des associations des victimes de la route permet de comprendre les besoins réels de ces personnes sur le terrain, de cibler et de planifier les actions susceptibles d’être les plus pertinentes face aux problèmes de sécurité routière identifiés. Il est important de chercher à comprendre ce dont les victimes et leur entourage pourraient avoir besoin.»

Pour Marius, les questions de mobilité, d’accessibilité et de handicap sont intrinsèquement liées. La Déclaration de Brasilia, qui sera adoptée durant la conférence, rappelle d’ailleurs que les plus vulnérables (enfants, femmes, personnes handicapées et personnes âgées) et les plus pauvres sont aussi les usagers les plus vulnérables, ceux qui sont le plus fortement exposés et impactés par les accidents de la route.

 « Les personnes handicapées ont dans la plupart des cas une mobilité réduite, elles ont besoin d’aménagements spécifiques pour leur faciliter l’accès aux moyens de transports en communs (bus, avions, voitures…) et traverser les routes en toutes sécurité. C’est une catégorie de personnes souvent oubliées par les autorités et ce encore plus lors de l’aménagement des routes. Dans nos sociétés africaines, la notion d’inclusion n’est pas encore bien intériorisée par les concepteurs des services d’utilité publique. Il faut un plaidoyer fort pour y arriver. »

A mi-chemin de la Décennie d’action pour la Sécurité routière, des progrès sont réalisés en RDC : une amélioration de l’offre de transports en commun, l’aménagement des routes et l’interdiction d’importer des véhicules de plus de 10 ans. Handicap International a appuyé la construction d’un plan national de sécurité routière et contribué au renforcement des capacités du personnel en charge. La population a aussi été sensibilisée au travers de campagnes et à l’aide de divers outils (code la route de l’écolier, dessins animés, BDs, affiches…). Grâce à ces actions, la sécurité routière est maintenant débattue sur la scène publique. Mais de nombreux défis demeurent à relever:

  • rendre les transports en commun inclusifs ;
  • mettre en place d’un système de collecte et de traitement des données;
  • systématiquement sécuriser des zones scolaires (dos-d’âne et cassis) ;
  • réguler et pénaliser la conduite en état d’ivresse ;
  • systématiquement impliquer les ONG locales dans toutes les actions.

 « Le monde entier doit savoir que poursuivre une surveillance de la mise en œuvre de la décennie d’action est primordiale. Cependant, cette lutte intensive contre l’insécurité routière ne peut pas s’arrêter en 2020 car, au regard des statistiques de l’OMS, le problème de l’insécurité routière et des décès qu’elle entraîne va persister encore très longtemps en Afrique ».

 

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