Go to main content
 

Ce qui reste à faire: les défis qui nous attendent

 

10 ans plus tard, nous pouvons évaluer l'avancement de l'implémentation et de la ratification de la Convention. Le Comité pour les Droits des Personnes Handicapées à Genève doit être le standard et exiger de tous les pays de remettre leurs rapports comme condition au financement des pays..

Hatouma Gakou Djikine

Tout reste à faire. Nous avons un début de prise de conscience des autorités, ce qui est une bonne chose […]. Maintenant, il faut pouvoir s’attaquer aux vrais problèmes auxquels sont confrontées les personnes handicapées, en premier lieu desquels le problème de l’éducation. Il faut entreprendre des campagnes de sensibilisation pour contrer la résistance des mentalités à l’éducation des enfants handicapés. Il faut susciter la mobilisation des ressources humaines, matérielles et financière pour que cette éducation soit une éducation inclusive et de qualité pour tous les enfants handicapés. […] Pour faire face aux défis en termes de protection sociale, il faut penser à des activités génératrices de revenu pour les familles, ou encore à travers des revenus minimum de survie. On peut parler aussi de la situation de l’inaccessibilité des établissements de santé ; notamment pour les femmes handicapées, en particulier avec handicap moteur.

Siddo Oumarou

D’abord nous voulons mutualiser, ça c’est un grand défi. Les grandes politiques inclusives de la sous-région, ça je pense que quand on est ensemble on peut avoir une force de frappe commune. Et également nous voulons prendre en compte le défi de l’éducation, surtout en ce qui concerne les personnes handicapées. Parce que nos Etats, par manque de connaissance ou de moyen, veulent se cantonner à des politiques d’ouverture de centres. Or, ces centres sont animés par des associations. Nous voulons aller au-delà de ça, de la phase spéciale intégratrice et aller vers une politique inclusive qui va permettre à beaucoup de personnes handicapées –sinon même toutes, car c’est ce que la Convention dit- d’être scolarisé. Sinon, l’Etat va être obligé d’adopter un processus qui va nous permettre d’aller vers l’inclusion des personnes handicapées, un système éducatif inclusif. Notre grand défi également, c’est l’emploi. L’emploi est la finalité de tout. Non seulement, ça nous octroie notre dignité personnelle, mais ça nous permet aussi de juguler des problèmes socio-économiques qui va nous permettre de vivre dignement dans notre société inclusive.

Moctar Ba

Parmi les choses les plus importantes pour réaliser la Convention, il faut premièrement que mes droits en tant que PH soient reconnus. Que je puisse jouir et exercer pleinement mes droits, surtout fondamentaux, en matière de travail, d’accès au travail, à l’emploi. Et à part ça, je souhaiterais aussi que les PH puissent accéder à l’Education inclusive, que l’éducation inclusive soit pleinement effective. […] Il faut aussi sensibiliser les élites, les étudiants universitaires, les milieux éducatifs, puisque c’est à travers la connaissance, la recherche, l’éducation que l’on peut changer la perception et le comportement de la société vis-à-vis du handicap.

Hugues Rakoto Ramambason

Il est bon que la CDPH crée un élan et prenne de l’ampleur, rallie plus de monde et beaucoup de gens parmi le mouvement des personnes handicapées; pour autant, les mêmes préjugés existent aussi au sein du mouvement des personnes handicapées. Le vieux paradigme est toujours bien ancré et largement diffusé: c'est une des plus grosses difficultés. Si je savais comment la résoudre, je l'aurais déjà fait bien sûr! Une question se pose: comment trouver le moyen d’atteindre le coeur des hommes. En général, je pars de ma propre expérience et les gens comprennent que lorsqu’on est interné, les choses ne font qu’empirer au lieu de s’améliorer. C'est la façon que j’ai trouvée pour interpeller l’opinion.

Joleijn Santegoeds

La Convention joue certes un très grand rôle, mais il est des choses qu’on a tous sous-estimées: l'autonomisation des personnes handicapées. Je pense vraiment qu'elles ont besoin de plus que de sensibilisation. Les gens ont souvent peur de ne pas bien faire et ils finissent alors souvent par ne rien faire du tout. Si je devais renégocier la Convention, je renommerais l'article 8 sur la sensibilisation en article sur l’autonomisation. L'idée est de renforcer les capacités et d'apporter le changement, de manière que les personnes puissent se sentir plus à l'aise avec les questions du handicap. Nous devons nous montrer plus fermes. Il y a encore autre chose que j’essaie de faire, c’est de mettre en lumière le potentiel qu’a la Convention sur d'autres aspects des droits humains – la CDPH ajoute beaucoup en termes de nuance et de qualité.

Marianne Schulze

Nos espoirs reposent essentiellement sur la société civile. Plus la société civile présentera de revendications, plus les progrès seront importants. Si elle reste passive, le gouvernement fera cavalier seul. Il est important aussi que les personnes handicapées accèdent à des postes de décision. Dans mon pays, la société civile s’occupe de tout, mais ce serait plus facile si quelqu’un se consacrait exclusivement aux droits des personnes handicapées. Je veux prendre pour exemple les avancées obtenues par les associations de femmes en termes de représentation politique; à tel point qu’il est rare aujourd’hui que les droits des femmes ne soient pas pris en compte. […] C’est un message fort d’encouragement de la société civile à s'émanciper, à participer et à s’intéresser à l'intérêt général public. Nous avons souvent tendance à nous concentrer sur des sujets spécifiques en fonction de nos propres intérêts. Je pense que nous devons être plus stratégiques et envisager la politique de manière globale, en considérant les droits humains comme une priorité.

Silvia Quan

Copyright 2023 © Humanity and Inclusion  | All Rights Reserved